Le Centre 21.02, plaque tournante du hockey féminin au pays
Il n’existe qu’un seul centre d’excellence en hockey féminin à travers tout le Canada, et il se trouve à Montréal.
Basé à l’Auditorium de Verdun, le Centre 21.02 offre aux meilleures joueuses du pays, un domicile fixe avec des installations sportives de haut niveau et les services d’entraîneurs et d’entraîneuses hautement qualifiées.
«Ça fait toute la différence», lance la championne olympique Ann-Renée Desbiens.
«Nous les athlètes, on cherche souvent une routine avec nos habitudes. Maintenant on est toujours au même endroit, le gym vient d’ouvrir et toutes les meilleures joueuses s’entraînent ensemble. Ça nous enlève un gros poids sur les épaules», poursuit la gardienne de but de l’équipe canadienne.
L’entraîneuse Stéphanie Poirier considère le Centre 21.02 avant tout comme un lieu «neutre» qui favorise la rencontre entre les meilleures joueuses de hockey au pays.
«Je coach à l’Université de Montréal, mais je croise ici des entraîneuses de McGill ou de Concordia. Les joueuses de l’équipe nationale s’entraînent ici, mais également toutes les joueuses élites du Québec. Il y a aussi des filles des Maritimes et de l’Ontario qui viennent passer l’été à Montréal pour s’entraîner au Centre», raconte l’entraîneuse certifiée.
«Les filles qui sont sur la glace, ce sont les meilleures. Et on fait tout en notre possible pour leur permettre de se surpasser.»
Bien que l’idée du Centre a mûri durant plusieurs années, la dissolution de la Ligue canadienne de hockey féminin (CWHL) en 2019 en a accéléré la création.
«Le problème, c’est que les joueuses qui n’étaient plus dans le réseau universitaire ni sur l’équipe nationale n’avaient plus d’endroit pour jouer», poursuit Stéphanie Poirier.
«Le hockey, on le sait, est un sport qui demande un long et lent développement. Une joueuse de 23 ans n’a pas fini de progresser. Il fallait offrir une alternative rapidement à toutes les joueuses considérées comme élites, autant les plus jeunes que les plus vieilles.»
Le Centre 21.02 offre des camps de perfectionnement pour les hockeyeuses élites âgées de moins de 16 ans et de 17 à 23 ans.
Des membres de l’équipe nationale s’y entraînent actuellement en vue des prochains Championnats du monde qui auront lieu au Danemark, du 26 août au 4 septembre.
Une date historique
Le 21 février 2002, l’équipe féminine canadienne battait les Américaines 3-2 en grande finale du tournoi olympique, à Salt Lake City.
La médaille d’or des Canadiennes fut la toute première remportée dans cette compétition, équipe masculine et féminine confondues.
Pour des millions de téléspectatrices, la date du 21 février 2002 restera gravée à jamais dans leur mémoire.
C’est de cette date, le 21 02, qu’est né le nom du Centre.
20 ans plus tard, l’histoire se répète
Le 17 février 2022, deux décennies plus tard, c’était au tour d’Ann-Renée Desbiens de décrocher la gloire olympique.
Tout simplement fumante en grande finale, la portière canadienne a réalisé 38 arrêts dans une autre victoire de 3 à 2 face aux États-Unis.
Questionnée au sujet de ce match historique, un sourire franc apparaît sur son visage.
«C’est sûr que ça va rester dans ma mémoire… Mais je mange la même chose au déjeuner. J’habite encore au même endroit. Je suis restée la même personne», relativise la numéro 35.
«Ce qui a changé, c’est de constater l’influence que j’ai sur les jeunes, donc c’est important pour moi de les encourager et d’aller les voir quand le temps me le permet.»
Une exposition sur la carrière d’Ann-Renée Debiens est d’ailleurs présentée dans sa ville natale, à La Malbaie, pour toute la saison estivale.
La PHF débarque à Montréal
Le 12 juillet dernier, la Premier Hockey Federation (PHF) annonçait qu’une équipe d’expansion s’installerait à Montréal, au Centre 21.02 à Verdun.
Une nouvelle bien accueillie dans le monde du hockey féminin au Québec.
«Je suis contente! Est-ce que ce sera un succès? Je n’en sais rien, mais j’ai hâte de voir ce que ça va donner. Et pour les filles c’est une belle occasion de jouer au hockey professionnellement et de gagner de l’argent», mentionne celle qui est également assistante-entraîneuse avec les Carabins de l’UdeM, Stéphanie Poirier.
Le salaire moyen des joueuses en PHF oscillera autour de 35 000$ annuellement.
«C’est sûr que ce n’est pas beaucoup, mais ça peut permettre aux filles d’aller chercher un peu d’argent. Concrètement, elles sont payées pour jouer une saison de hockey. C’est positif.»
L’entraîneuse rappelle qu’il est pratiquement impossible pour une femme de gagner sa vie en jouant au hockey.
Ann-Renée Desbiens se dit enthousiaste face au projet de la PHF, mais ne fera pas le saut dans la nouvelle équipe montréalaise.
«Non, ce n’est pas dans mes plans. Je suis très attachée avec la PWHPA [Professional Women’s Hockey Players Association] et on va continuer de travailler fort pour mettre en place ce qui est le mieux, selon nous, pour le futur du hockey féminin. C’est sûr qu’on va revenir ici à l’Auditorium de Verdun faire des événements spéciaux», conclut celle que plusieurs considèrent comme la meilleure gardienne de but au monde.