Kim Thúy: un diamant québécois
Le Mouvement Québec français Montréal (MQFM) a récemment décerné le Prix Harfang à Kim Thúy pour son action engagée dans la promotion de la langue française. Métro a profité de l’occasion pour prendre des nouvelles de cette personnalité incontournable de la scène littéraire et médiatique québécoise.
Arrivée au Québec lorsqu’elle était enfant, l’écrivaine Kim Thúy considère que le français est sa deuxième langue maternelle.
«C’est la langue avec laquelle j’ai appris à réfléchir, raconte-t-elle, mais aussi la liberté d’être. Et ça, c’est précieux.»
Une langue qui l’a maternée, qui a défini son identité et qui a offert à sa famille et elle, d’origine vietnamienne, une deuxième naissance, une deuxième vie dans la ville de Granby.
«On ne pensait pas du tout avoir la chance à cette deuxième vie. Et cette deuxième vie a débuté avec des gens parlant français qui nous ont accueillis et accompagnés.»
Ces premiers moments ont défini les citoyens qu’ils sont devenus, selon elle, puisqu’ils sont tombés amoureux.
C’est d’ailleurs le souvenir positif de cet accueil qui a poussé Kim Thúy à chanter et célébrer la langue française à travers ses créations.
Le français québécois est pour moi une langue remplie de souvenirs merveilleux. Donc, quand j’écris, mon seul but dans la vie, c’est de partager la beauté des choses et il faut le faire avec la langue d’amour.
Kim Thúy
Pour la suite du monde
Lorsqu’on demande à Kim Thúy si elle partage l’inquiétude de certains à propos du déclin du français au Québec, cette dernière fait le choix de l’optimisme.
«Le réalisateur Guillermo Del Toro a dit que l’optimisme est un choix, un choix brave, un choix rebelle, un choix radical même.»
Pour elle, la pérennité de la langue française passe par la culture.
«Il faut continuer à faire vivre notre culture, parce que la langue porte la culture et elle ne peut pas exister sans la culture.»
À titre d’exemple, l’écrivaine mentionne la présence de départements de littérature québécoise dans de nombreux pays du monde.
On est une goutte d’eau dans l’océan et pourtant, on est étudié, on est aimé, on est connu, on est reconnu à l’extérieur, parce qu’on a une culture unique. C’est à nous de préserver et de cultiver ce que nous possédons comme particularité, comme unicité.
Kim Thúy
La seule chose que Kim Thúy reproche aux Québécois, c’est de ne pas être assez «chauvins», assez fiers de ce que nous possédons.
«On ne réalise pas qu’on a un diamant entre les mains.»
Elle souhaite donc que nous célébrions davantage notre identité et que nous réalisions sa richesse.
«À partir de là, on n’a peur de rien, parce qu’on sait qu’on est précieux.»
Faire connaissance
Kim Thúy ne sait pas encore quel sera son prochain livre, mais cela ne l’empêche pas d’être impliquée dans une tonne de projets.
Parmi ceux-ci, il y a l’adaptation cinématographique de son premier roman, Ru, dont le tournage est sur le point de se terminer et qui est réalisé par Charles-Olivier Michaud (Anna).
Sinon, elle vient de terminer l’enregistrement de la saison 4 de l’émission La table de Kim, diffusée sur ICI ARTV, où elle reçoit des personnalités issues de cultures et de milieux différents.
Enfin, l’écrivaine est aussi à la barre d’un balado produit par l’Université de Montréal. À l’instar de La table de Kim, l’accent est mis sur les rencontres, mais cette fois-ci, entre deux professeurs de disciplines qui peuvent sembler aux premiers abords aux antipodes.
Kim Thúy donne l’exemple d’une conversation entre une théologienne et une astrophysicienne.
«Pourtant, après l’heure et demie qu’on passe ensemble, on découvre finalement qu’il y a énormément de ressemblances et qu’il y a peut-être lieu même de collaborer.»
Intitulé Faire connaissance, ce balado de dix épisodes devrait paraître cet automne.
Créé à l’initiative du MQFM en 2009, le Prix Harfang est attribué annuellement à une personnalité qui contribue de façon importante à faire avancer et rayonner la langue française à Montréal.