Dans le bureau du psy: reconnaître les «red flags»
Suivre une thérapie, c’est parfois être confronté.e à ses peurs et à ses propres malaises. Mais si le sentiment d’inconfort vient de votre psy, peut-être qu’il y a quelque chose qui cloche. Voici des drapeaux rouges qui pourraient vous alerter.
Guérison garantie
Un.e psy ou un.e thérapeute qui vous promet des résultats ou la réussite garantie de votre thérapie, c’est tout de suite «très questionnable», met en garde Christine Grou, psychologue et présidente de l’Ordre des psychologues du Québec.
«Même si on fait de notre mieux en tant que psy, on ne peut jamais prédire quels vont être les résultats. On ne peut d’ailleurs pas non plus savoir combien de temps va durer la thérapie», souligne aussi la psychologue et conférencière Geneviève Beaulieu-Pelletier.
Crise de larmes
Évidemment, les psychologues sont aussi des êtres humains dotés d’empathie et de sensibilité. Heureusement! Mais si votre psy fond en larmes dès que vous parlez d’un sujet délicat, ça peut poser problème.
«C’est une chose d’exprimer une émotion et c’est autre chose si le client se sent comme s’il devait consoler son psy ou qu’il n’ose plus aborder certains sujets de peur de provoquer trop d’émotions», résume Christine Grou.
Pour faire face à des témoignages ou des situations difficiles, les professionnel.le.s peuvent d’ailleurs demander le suivi et le soutien d’un.e collègue.
Trop perso
Dans la même veine, un.e thérapeute peut évoquer des expériences personnelles, mais n’est pas censé parler constamment de sa vie privée.
«Oui, le psy peut s’ouvrir un peu sur sa vie, concède Geneviève Beaulieu-Pelletier. Mais une relation thérapeutique, ce n’est pas comme une relation d’amitié où chacun parle de sa vie et de ses problèmes.»
«C’est la personne qui consulte et non le psy qui doit être au centre de la discussion», renchérit Christine Grou.
Jugement moral
S’il y a bien un endroit sur Terre où on devrait être à l’abri des jugements, c’est dans le bureau du psy! Les remarques d’ordre moral n’ont donc pas leur place ici.
«Le seul jugement émis par le psychologue doit être un jugement clinique, une analyse. Quelles que soient ses opinions personnelles, il ne doit pas porter de jugement de valeur», souligne la présidente de l’Ordre.
Attention toutefois à ne pas prendre vos perceptions pour des faits avérés, nuance-t-elle. Exprimer clairement le fait qu’on s’est senti jugé peut parfois permettre de dissiper un malentendu.
Expert.e improvisé.e
Enfin, selon le code de déontologie, les psychologues et psychothérapeutes doivent s’en tenir à leur champ d’expertise: la psychologie (surprise!). Ils et elles ne peuvent donc pas se substituer à d’autres professionnel.le.s. Par exemple, les psychologues et psychothérapeutes n’ont pas le droit de prescrire des médicaments ou de faire la promotion de quoi que ce soit qui ne relève pas de son champ de compétence.
«On ne peut pas exercer notre profession en dehors des critères scientifiques reconnus, atteste Christine Grou. Par exemple, peu importe nos croyances personnelles, on ne peut pas faire appel à des méthodes ésotériques ou spirituelles.»
Donc si votre thérapeute vous conseille de vous soigner avec des pierres, ça se peut qu’il ne soit pas psy du tout…
Bon à savoir
Au Québec, tous les psychologues et psychothérapeutes sont accrédités par l’Ordre des psychologues du Québec. Leur pratique est régie par un code de déontologie et ils doivent tous avoir suivi une formation reconnue.
«Si on a le moindre doute et qu’on pense avoir repéré un drapeau rouge, il vaut mieux s’informer plutôt que laisser les choses en suspens. On peut appeler l’Ordre pour poser nos questions, il suffit de demander à parler au syndic ou à un conseiller déontologique», conseille la présidente de l’Ordre, Christine Grou.