Pénurie: «achalandage extrême» à l’Hôpital de Montréal pour enfants
Faisant face à un «achalandage extrême», l’Hôpital de Montréal pour enfants invite les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l’école s’ils présentent des symptômes s’apparentant à ceux de la COVID-19 afin de ne pas aggraver la situation.
Avec la rentrée scolaire et le retour dans les services de garde, les virus, dont le virus respiratoire syncytial (VRS), se sont remis à circuler chez les plus jeunes.
Garder les enfants symptomatiques à la maison pour une durée de 24 heures pour procéder à une auto–évaluation et suivre les recommandations, notamment celle d’effectuer un dépistage, est essentiel pour limiter la propagation des virus respiratoires en milieu scolaire et ainsi désengorger les urgences pédiatriques.
En septembre 2021, les médecins de l’Hôpital de Montréal pour enfants ont évalué entre 250 et 300 patients par jour, soit un achalandage deux fois plus important qu’en septembre 2019. Ces chiffres sont encore plus grands qu’en période hivernale, alors que les équipes voyaient quotidiennement de 215 à 240 patients.
Dr François Loubert, chef du Département régional de médecine générale (DRMG) de Montréal, craint que la situation empire. «L’ennui, c’est que la clientèle en bas de 12 ans n’est pas vaccinée. La possibilité qu’il y a du COVID est présente, bien que la courbe ait l’air contenue», dit-il.
Les parents sont invités à se rendre dans une des cliniques désignées pédiatriques (CDP), chez leur médecin de famille ou, en dernier recours, dans une urgence de leur région plutôt que dans l’une des deux urgences pédiatriques de Montréal; les salles d’urgence de l’Hôpital de Montréal pour enfants étant destinées «à sauver des jeunes en état critique».
CDP
Les CDP sont déployées dans certaines régions depuis le 6 septembre. Elles sont destinées aux patients entre 0 et 16 ans — sauf les bébés de moins de trois mois — qui n’ont pas de médecin de famille ou qui ne peuvent pas le voir et ceux n’ayant pas accès à un rendez-vous dans une clinique de proximité par le portail RVSQ. Certaines CDP s’étonnent d’ailleurs que leurs services soient encore méconnus.
Le Centre médical mieux-être, situé à Saint-Léonard, fait partie des cinq CDP de l’Est. Cet établissement avait été désigné «clinique chaude» en début de pandémie, mais a changé de vocation depuis la fermeture récente de ce type de services au Québec.
«Un grand nombre de personnes ne connaît pas le numéro de téléphone, déplore le propriétaire du centre, Rémi Boulila. On veut aviser la population locale qu’on est encore là pour les aider.»
Une campagne de communication a été lancée par les hôpitaux pédiatriques de la métropole et le Département régional de médecine générale (DRMG) afin de faire connaître les CDP. Depuis, la demande augmente au Centre médical mieux-être.
Selon l’un de ses médecins, Dr Gabriel David, la majorité des consultations sont attribuables à des infections; des otites et des pharyngites, par exemple.
Or, des cas urgents ont également été pris en charge avant d’être redirigés vers les urgences. «Hier, on a eu trois ambulances qui sont parties d’ici; on a réanimé un patient la semaine dernière; on a donné de l’oxygène à des bébés. Le monde est malade actuellement: ce n’est pas inventé», soutient M. Boulila.
Le personnel de la clinique a d’ailleurs un horaire complètement chargé depuis quelques jours, ce qui met de plus en lumière les besoins criants de personnel, soutient M. Boulila.
La situation difficile dans les urgences pédiatriques est notamment causée par une pénurie de personnel, ce que vivent aussi les CDP.
«Il nous manque d’infirmiers, il nous manque de médecins en ce moment pour pousser plus notre offre», exprime M. Boulila.
Une situation qui n’étonne pas Dr François Loubert, chef du Département régional de médecine générale (DRMG) de Montréal. Il rappelle que ce service est offert en «surcapacité». «Ce sont certains omnipraticiens, pédiatres ou infirmiers qui ajoutent de leurs heures normales pour aider en CDP.»
– Avec la collaboration de Coralie Hodgson