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Itinérance: la fin des ressources d’urgence laissera un vide à Montréal

Photo: Josie Desmarais/Métro

Dans trois semaines, les ressources d’urgence mises en place pour les personnes en situation d’itinérance à Montréal fermeront leurs portes. Si aucun autre plan n’est déployé, les organismes craignent un vide dans l’offre de services.

Les mesures en itinérance mises en place par le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, la direction régionale de la Santé publique, la Ville de Montréal et l’ensemble de leurs partenaires communautaires durant la période hivernale devaient initialement se terminer le 31 mars. Certaines ont été prolongées jusqu’au 30 juin 2021.

Or, dès le premier juillet, la majorité des lieux de répit de nuit – aussi connus comme les haltes-chaleur – installés dans différents quartiers de Montréal fermeront leurs portes.

Ces ressources situées au centre-ville et dans l’est de Montréal desservent 500 personnes sans logis, affirme le PDG de la Mission Old Brewery, James Hughes. «Où vont-ils aller le premier juillet si on n’a pas de nouveaux lieux confirmés?», demande-t-il.

Des gens à la rue

Le refuge de l’hôtel Place Dupuis, géré par la Mission Bon Accueil, est un de ces endroits dont la fermeture est prévue très prochainement, confirme le PDG de l’organisme, Sam Watts.

«C’est certain que si l’hôtel ferme et qu’il n’y a pas d’autre solution, ça ne serait pas souhaitable. On va certainement laisser des gens dans la rue et, pour nous, c’est quelque chose qui n’est pas acceptable», souligne-t-il.

Même son de cloche du côté de James Hughes qui veut éviter toute rupture de services le 30 juin. «Notre vouloir, c’est que justement ça se poursuive. La demande est évidente», mentionne-t-il.

Des discussions sont d’ailleurs en cours pour les mesures prévues après le 30 juin, indique le conseiller aux relations médias de la Santé publique, Eric Forest.

Cependant, c’est assez difficile de trouver des lieux adéquats pour accueillir «dignement» les personnes itinérantes, précise Sam Watts. «Souvent, des gens disent qu’il faut juste ouvrir un gymnase ou un aréna, mais ce n’est pas aussi facile que ça», dit-il.

En effet, l’endroit doit être équipé de toilettes et de douches, en plus d’être chaleureux, bien localisé et d’avoir la possibilité de respecter toutes les mesures sanitaires en vigueur. James Hughes explique que les hôtels correspondent bien à ces besoins, notamment en raison des chambres privées.

Premier juillet, date «préoccupante»

Bien que Sam Watts ait «confiance» que les discussions avec la Santé publique avancent, il demeure «inquiet» puisque la date butoir du 30 juin arrive rapidement. «Il ne faut pas avoir un vide. Il faut que ce qui est disponible soit disponible le premier juillet, c’est certain», ajoute-t-il.

James Hughes affirme qu’il aurait aimé avoir plus de certitude un ou deux mois auparavant.

De plus, le premier juillet coïncide avec le jour du déménagement à Montréal, un moment très «préoccupant» pour les organismes qui viennent en aide aux personnes vulnérables.

«Nous voyons et nous entendons présentement des histoires de gens qui ont des craintes, qui vont perdre leur logement le premier juillet, raconte Sam Watts. Cette année, je pense qu’on devrait être très vigilants.»

Selon James Hughes, les services hivernaux ne sont pas suffisants, considérant l’augmentation importante de l’itinérance à Montréal. «C’est certain qu’il faut penser maintenant aux mesures supplémentaires de 12 mois, souligne-t-il. Il faut penser de façon plus ambitieuse.»

L’importance de la permanence

Par ailleurs, Sam Watts insiste sur l’importance du logement permanent. «Quelqu’un qui est en situation d’itinérance a besoin, vraiment, d’une place permanente, d’être sécurisé et d’être entouré de services avec un vrai soutien également», explique-t-il.

C’est d’ailleurs ce que fait la Mission Bon Accueil par le biais de son «Programme Bienvenue», un projet pilote visant à aider des personnes en situation d’itinérance à se trouver un chez-soi adapté à leurs besoins avant le 30 juin.

Sam Watts affirme que 24 baux ont déjà été signés. Si l’objectif est d’atteindre 75 signatures de baux d’ici le 30 juin, le PDG reconnaît que l’échéancier est serré. «J’espère qu’on va y arriver, mais c’est certain que c’est ambitieux, mentionne-t-il. On sait toujours qu’il y a une lacune au niveau du logement abordable à Montréal.»

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