Réduction des GES: quel rôle pour l’État québécois?
Le Québec a ses objectifs de réduction des GES, la fonction publique aussi. Au cours des années, les gouvernements eux-mêmes se sont engagés à réduire leur empreinte environnementale, en électrifiant leurs parcs immobilier et automobile. Tour d’horizon.
Au Québec, les objectifs de réduction des émissions de gaz à effets de serre sont connus depuis plusieurs années: 37,5% jusqu’en 2030, par rapport aux niveaux de 1990. Les objectifs du gouvernement lui-même sont moins connus.
Le gouvernement du Québec possède plus de 300 immeubles, occupés par des ministères, des sociétés d’état et des organismes affiliés. S’ajoute à cela un parc automobile gouvernemental de «près de 9 000 véhicules et équipements connexes».
En chauffant et en entretenant son parc immobilier, l’État produit de fortes quantités de gaz à effet de serre (GES). En 2019-20, la plus récente année financière analysée par la Société québécoise des infrastructures, ces émissions ont atteint plus de 24 000 tonnes de GES en équivalent CO2.
Des émissions qui s’abaissent graduellement depuis 2014. En dix ans, les différents gouvernements du Québec ont retranché du total étatique près de 9000 tonnes de GES.
Donner l’exemple
Dans son Plan vert déposé en novembre, l’actuel ministre de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, Benoit Charette, évoque l’importance de l’«exemplarité de l’État». Elle est primordiale, ajoute le responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, Patrick Bonin.
«C’est un peu l’équivalent des mesures sanitaires. Si tu demandes aux gens de porter un masque et que tu n’en mets pas, le message ne passe pas», commente-t-il.
Québec a rajouté une couche à ses devoirs d’exemplarité dans son Plan pour une économie verte. En 2030, le gouvernement veut avoir réduit les réductions de son parc immobilier d’encore 60% par rapport à 1990. L’état veut donc descendre sous la barre des 10 tonnes de GES par année.
Les voitures, fourgonnettes et véhicules utilitaires sport (VUS) du gouvernement seront tous électriques dans neuf ans, assure par ailleurs le ministre Charette. Des objectifs nobles, assure Patrick Bonin, mais possiblement difficile à atteindre.
«Tout achat de véhicule devrait être électrique dès aujourd’hui», évalue-t-il.
Des objectifs en attente
Si certains objectifs de l’État apparaissent dans le Plan vert caquiste, tous n’y sont pas. Et en date d’aujourd’hui, l’État québécois se retrouve sans plan d’action pour atteindre ses cibles environnementales.
La Loi établit qu’une Stratégie gouvernementale de développement durable doit être déposée à chaque cinq ans. La dernière est arrivée à échéance en 2020. Or, en raison de la pandémie, Le gouvernement Legault a repoussé le dépôt d’un nouveau plan au début de 2022.
Le Vérificateur général du Québec a longtemps pressé Québec de déposer au plus vite sa nouvelle stratégie. En novembre, le commissaire au développement durable, Paul Lanoie, levait de nouveau un drapeau rouge: la nouvelle stratégie doit faire l’objet d’un suivi serré, soulevait-il.
«Ce report constitue une occasion à saisir pour le gouvernement afin qu’il prenne le temps et le recul nécessaire pour produire une stratégie de qualité», avait-il signifié à l’époque.