Exaspéré des fermetures, le secteur des arts vivants veut des solutions
Plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées dimanche pour manifester le droit d’accès aux arts vivants, un secteur culturel particulièrement affecté par la pandémie.
À la Place des Arts, dimanche après-midi, on pouvait assister à de performances de danse, d’humour, de poésie et de chant offerts par divers artistes venus s’exprimer.
Mais les organisateurs ont insisté: «ceci n’est pas un spectacle».
Car si cela en était un, «la police devrait nous sortir de la Place des Arts par la violence légitime», a scandé l’un d’entre eux Hugo Frejabise, en faisait référence à l’interdiction de tenir des spectacles qui pèse sur le milieu des arts depuis plusieurs mois.
«Ça fait un an qu’on est assigné à résidence et on s’est dit que c’était le moment de montrer au public que l’art c’est possible et que ça existe», a expliqué l’auteur metteur en scène en entrevue avec Métro.
Selon M. Frejabise, la gestion du milieu culturel par le gouvernement du Québec montre qu’il est «déconnecté» des artistes.
«Il y a eu dernièrement beaucoup de mépris du gouvernement, notamment de [la ministre de la Culture et des Communications] Nathalie Roy, qui ne s’attarde pas tellement à savoir comment on vit ça, mais dit que ça se passe bien sur YouTube parce qu’il y a des vus. C’est un peu minimiser ce qu’on fait. On nous pousse un peu à aller vers le deux-points zéro [le numérique] alors que notre médium et notre art, c’est sur les scènes.»
M. Frejabise déplore le peu de solutions mises de l’avant, alors que le secteur des arts vivant doit composer avec des fermetures complète des salles de spectacles et des annulations depuis le début de la pandémie.
«On ne dit pas eu gouvernement d’ouvrir demain, mais on peut investir comme en Espagne, où ils ouvrent des théâtres avec une prise de température et des systèmes d’aération. Il y a mille possibilités.»
Dans le cadre«petit déconfinement» du 8 février du gouvernement Legault, les musées et les bibliothèques seront les seuls établissements du secteur culturel à pouvoir rouvrir leurs portes.
«On est le moyen de guérison»
À travers les diverses performances, plusieurs artistes ayant pris la parole ont exprimé leur exaspération devant les effets des mesures sanitaires sur leur milieu.
Coralie Laperrière, une humoriste de la relève, a expliqué les obstacles qu’elle a rencontrés pour obtenir du chômage, alors qu’elle a perdu ses deux emplois, l’autre dans un bar, en raison de la pandémie.
Elle a également pointé le gouvernement Legault du doigt pour sa gestion du secteur culturel. «Vos vieilles excuses, on est tanné. Les shows sur Zoom, on est tanné. Trouvez des nouvelles façons de subventionner les artistes et les lieux de diffusion, maintenant!»
En entrevue avec Métro, Mélodie Gauvreau, qui travaille dans le domaine du cirque depuis 20 ans, a souligné les effets pervers de confiner l’art sur la santé mentale de la population.
«On n’a pas de moyen de s’exprimer et pourtant, on est le moyen de guérison d’une société.»
Québec solidaire réclame 50 M$
Alors que plusieurs manifestations en soutien aux arts vivant ont eu lieu aujourd’hui au Québec, Québec solidaire (QS) a demandé ce matin une aide spécifique de 50 M$ pour ce milieu à la ministre de la Culture et des Communications.
La députée Ruba Ghazal, responsable de la culture au sein de QS, estime que les aides accordées jusqu’ici par la ministre vont «essentiellement» aux entreprises culturelles et aux gros joueurs établis.
«L’argent ne ruisselle pas toujours vers les artistes, qui sont de plus en plus nombreux à se réorienter professionnellement devant l’absence d’horizon pour leur travail », a déploré Mme Ghazal, par voie de communiqué.
Le financement demandé par Mme Ghazal devrait selon elle passer par le Conseil des arts et des lettres du Québec afin que les artistes puissent en bénéficier «plus facilement et rapidement».