Le reconfinement pourrait entraîner des rechutes, craignent les AA
Le reconfinement durant la période des Fêtes risque de mener davantage de personnes à retomber dans la consommation ou l’accentuer, craint Alcooliques anonymes (AA).
«Les gens sont de moins en moins conciliants», dit Lucien J., coordonnateur de l’information publique pour la région Sud-Ouest du Québec.
En temps normal, dans ce secteur de la province, on recense environ 800 réunions pour les personnes souffrant de dépendance à l’alcool. Les rassemblements étant limités, il n’y a que 125 regroupements en présentiel ainsi que 250 à 300 événements sur la plateforme de visioconférence Zoom ou au téléphone.
C’est ainsi plus difficile d’encourager les personnes à participer et se confier. «La présence humaine est très importante. Les émotions que tu ressens quand tu parles à quelqu’un… on se parle au téléphone, mais vous ne voyez pas les émotions dans mon visage, comment je me sens», soutient Lucien J.
Les membres présentent également des inquiétudes de contracter le virus en allant aux rares réunions en personne. D’autres ne sont pas à l’aise avec le fait d’être devant une caméra en virtuel ou ne maîtrisent pas bien l’utilisation d’Internet.
«Il y en a qui ne veulent pas faire des meetings téléphoniques parce qu’ils disent que ce n’est pas ‘’AA’’. Mais c’est quoi ‘’pas AA’’? Alcooliques anonymes, ce sont des personnes qui se parlent et qui partagent. C’est la thérapie de la parole», soutient l’intervenant.
«De manière générale, avec la COVID, il y a eu une baisse, voire une fermeture de certains services. Ç’a des impacts à tous les niveaux.» -Jean-Sébastien Fallu
Depuis le début de la pandémie, les AA ont établi une liste de membres bénévoles prêts à parrainer temporairement pour aider des personnes en difficulté à mieux connaître les différents outils disponibles.
Facteurs
Pour certains, l’alcool et les drogues sont parmi les quelques options permettant de se divertir dans le contexte actuel. «Le fait de ne plus avoir d’activités plaisantes [pour] s’évader, la consommation devient une façon de se procurer du plaisir dans une vie qui en a très peu», fait remarquer Jean-Sébastien Fallu, professeur agrégé en inadaptation sociale et toxicomanie.
Lee phénomène ne touchent pas nécessairement tout le monde, précise M. Fallu. «Ceux qui consomment surtout entre amis, dans des bars, dans des fêtes, pour des motifs de socialisation, ces personnes peuvent avoir réduit leur consommation», explique-t-il.
Il est possible d’appeler chez Alcooliques anonymes de 9h à 22h tous les jours. Les 24 et 31 décembre, les services sont disponibles toute la journée.
Avec la collaboration d’Olivier Boivin
Aide au 514 376-9230. Réunions téléphoniques au 1 855 610-2849