Pendant ce temps, dans les coulisses des théâtres montréalais
Bien qu’on ne puisse plus aller à leur rencontre depuis quelques mois, les artisans du théâtre planchent hors des planches sur de futurs projets et expérimentent de nouvelles formules. Tour d’horizon de ce qui se trame dans les coulisses des théâtres montréalais.
Une importante célébration
La plus ancienne compagnie de théâtre Noir au Canada, le Black Theatre Workshop (BTW), célèbrera ses 50 ans en 2021. Cet anniversaire survient dans un contexte très particulier. Non seulement la pandémie oblige les théâtres à «se réinventer», mais l’ampleur du mouvement Black Lives Matter tinte fortement l’orientation future de la compagnie, comme le souligne son directeur artistique, Quincy Armorer.
«Nous avons une grande responsabilité envers les communautés systématiquement défavorisées que nous représentons. Nous sommes donc en questionnement. Quel genre de compagnie de théâtre voulons-nous être? Quelles sont les histoires qui doivent être racontées? Comment notre compagnie peut-elle demeurer pertinente dans une société et une industrie constamment en changement? »
À défaut de pouvoir célébrer ses 50 ans en présentant comme prévu trois nouvelles productions sur scène, le BTW soulignera son anniversaire avec une «saison intime». Au menu : la création de l’opéra de chambre, Backstage at Carnegie Hall, qui sera présenté en 2022, la lecture virtuelle de la pièce Sanctuary et une collaboration avec le Théâtre La Licorne pour adapter l’œuvre Pipeline de Dominique Morisseau, qui sera présentée au printemps prochain.
De nouvelles programmations
Les théâtres resteront fermés au moins jusqu’au 11 janvier, mais lorsque la Santé publique permettra leur réouverture, ils seront fin prêts à accueillir le public avec de nouvelles créations. C’est ainsi avec espoir que quelques salles ont annoncé leurs programmations pour l’hiver.
C’est le cas du Rideau Vert, qui a dû interrompre brusquement Adieu Monsieur Haffmann en octobre. Cette pièce montée par Denise Filiatrault est désormais programmée pour l’automne 2021. Entre-temps, l’établissement présentera en février Long voyage vers la nuit d’Eugene O’Neill dans une mise en scène d’Yves Desgagnés.
Au Centre du théâtre d’aujourd’hui, une dizaine de nouveaux projets ont été annoncés, dont certains portés par des habitués de l’institution, comme Olivier Arteau et Émilie Monnet. On retient Nassara, coproduite avec un théâtre de Ouagadougou, la comédie documentaire Cyclorama et la série Clandestines.
2021 marquera le grand retour de 887 de Robert Lepage au Théâtre du Nouveau Monde (TNM). Cette pièce acclamée sera présentée exclusivement en salle. En formule hybride, l’établissement de la rue Sainte-Catherine propose trois nouveautés : Le roman de monsieur de Molière, Abraham Lincoln va au théâtre et Le rêveur dans son bain.
D’autres pièces en captation
Sans remplacer le contact privilégié ou l’énergie que transmet le théâtre en salle, les captations vidéo de pièces permettent de découvrir et d’apprécier les nouvelles créations des artisans de la scène.
Une des œuvres les plus attendues de la saison sera offerte dès vendredi en ligne. Il s’agit de l’adaptation scénique du premier roman de Réjean Ducharme, L’avalée des avalées. Mise en scène par Lorraine Pintal, cette pièce diffusée par le TNM met en vedette Sarah Laurendeau dans le rôle de Bérénice Einberg, cette jeune fille de 11 ans sauvage et farouche qui a la rage au cœur. La pièce a été encensée lors de sa présentation en France en 2018.
Pour sa part, l’acteur et dramaturge Mani Soleymanlou inaugurera le volet théâtral de la plateforme Yoop avec une nouvelle mouture de sa mythique œuvre UN. Dans ce premier solo qu’il a présenté au Théâtre de Quat’Sous il y a 10 ans et qui a fait le tour des théâtres du monde depuis, Mani Soleymanlou aborde sa quête identitaire. Il offrira une seule représentation de cette version actualisée à la réalité socioculturelle d’aujourd’hui le 16 décembre à 20 h. Pour l’occasion, il sera accompagné sur scène par le pianiste Alexis Elina.
Un temps de réflexion
La longue pause imposée aux théâtres offre aux créateurs une rare occasion de prendre un pas de recul pour réfléchir et repenser leurs pratiques.
C’est dans ce contexte qu’Espace libre a présenté lundi la table ronde «Cinéma et théâtre – La création en temps de pandémie», disponible sur la page Facebook des RIDM. Le cas de la pièce Ensemble de la Troupe DuBunker y a été abordé. Ce spectacle a été présenté dans un parc en septembre dernier, ce qui a requis une adaptation au niveau de sa mise en scène.
Le Théâtre Prospero s’est pour sa part transformé en laboratoire en cette saison hors-norme. Dans le cadre de son volet Territoires de paroles, six projets dramaturgiques y sont développés. Parmi eux, Cabaret noir, sous la direction de Mélanie Demers, explore et célèbre le concept de la négritude. Les autres expérimentations menées par le Prospero font une belle place à la diversité. Elles sont dirigées par Guy Régis Jr., Soleil Launière, Catherine de Léan, Florent Siaud et Joël Beddows.
Le Quat’s Sous lançait quant à lui lundi trois nouveaux épisodes de son balado L’Agora portant sur sa saison alternative dont le thème est la résistance. Evelyne de la Chenelière, Webster et Marie-Thérèse Fortin y prennent part.