«The Trial of the Chicago 7» est un hommage à la résistance
Le 28 août 1968, en pleine guerre du Vietnam, sept activistes politiques ont été inculpés de complot et d’incitation à l’émeute. Le cinéaste Aaron Sorkin (The Social Network, Steve Jobs) passe en revue ce procès qui a condensé les sentiments de toute une nation dans The Trial of the Chicago 7.
Métro s’est entretenu avec Jeremy Strong et Mark Rylance, deux des nombreux acteurs en vedette dans le film. S’y trouvent aussi Sacha Baron Cohen, Joseph Gordon-Levitt, Michael Keaton, John Carroll Lynch et Eddie Redmayne.
Environ 58 220 hommes ont perdu la vie dans la guerre du Vietnam (1964-1975), le troisième conflit le plus violent de l’histoire des États-Unis.
Les jeunes et les groupes de contre-culture de l’époque ont manifesté contre le recrutement de l’armée. En réponse à leur mouvement, ils ont été confrontés à une forte répression policière à travers le pays lors de plusieurs marches, concerts et manifestations.
Le 28 août 1968, les activistes politiques Abbie Hoffman, Jerry Rubin, David Dellinger, Tom Hayden, Rennie Davis, John Froines et Lee Weiner ont été inculpés de complot et d’incitation à l’émeute après que les différentes marches à la Convention nationale démocrate aient entraîné des affrontements avec les autorités.
Quelque 15 000 personnes s’étaient rassemblées sur le site. Il y avait déjà eu des blessés du côté des manifestants et des policiers lorsque l’un des procès les plus biaisés de l’histoire américaine a commencé, présidé par le juge Julius Hoffman, qui regardait ce groupe de libéraux et de hippies avec dédain.
The Trial of the Chigago 7 passe en revue ce procès qui est passé à l’histoire. Le Chicago Seven est devenu pour beaucoup de personnes un symbole de résistance.
«Malheureusement, l’histoire nous démontre que les partis politiques de l’époque, même ceux qui se disaient démocrates, ne pensaient pas au peuple, soutient Mark Rylance, qui interprète l’avocat William Kunstler dans le film. Ils possédaient des objectifs qui ont entraîné beaucoup de douleur et de tristesse pour les citoyens. La mort de nombreux Vietnamiens représente aussi une tragédie et défie cette idée que la démocratie donne le pouvoir au peuple. Aujourd’hui, 60 ans plus tard, la situation ne s’est pas améliorée.»
Jeremy Strong partage les mêmes pensées. L’acteur a ressenti une énorme responsabilité en incarnant Jerry Rubin. Il a même demandé qu’on lui donne la permission de vraiment ressentir la violente répression dans sa propre chair, car pour lui, il était important de ne pas changer ou diminuer la difficulté de l’expérience.
«Je voulais raconter la vraie histoire. Je voulais rester fidèle à ce que ces gens ont vraiment vécu. En ce moment, nous avons des villes entières qui sont en feu à cause d’affrontements avec la police et nous voulions nous rapprocher du réel autant que possible. C’est dur de voir l’histoire se répéter. Cela me fâche et me rend triste, mais je veux faire en sorte que l’histoire que l’on raconte paraisse réelle et se rapproche des faits.»
«Ce film démontre à quel point les manifestants sont nécessaires pour faire face à l’oppression et à l’injustice.» -Jeremy Strong, acteur
L’humour comme cheval de Troie
Alors que ce procès a duré plusieurs mois, tout le pays se demandait pourquoi un verdict n’avait pas été rendu et pourquoi le juge tenait autant à faire couler les accusés quoiqu’il arrive.
«Aaron Sorkin devait faire en sorte que le film ait une part de légèreté, en particulier pour équilibrer le sérieux et la dureté du procès. Ces personnages étaient des hippies donc ils croyaient à ce que l’on appelle le théâtre de guérilla. Ils avaient l’impression d’être de grands farceurs. C’est pour cette raison qu’ils se déguisaient. Grâce à l’humour, ils pouvaient créer une sorte de cheval de Troie afin de tenter d’ajouter l’activisme aux convictions américaines», explique Jeremy Strong, qui a porté les cheveux longs pour incarner Jerry Rubin.
De son côté, Mark Rylance a vécu cet humour du point de vue de l’avocat, un homme complètement dévoué aux causes perdues. «Il y a plusieurs moments dans lesquels j’avais envie de rire en réaction aux choses qui étaient dites lorsqu’on tournait des scènes. Toutefois, la vérité est que malgré cette touche d’humour, Bobby Seale vivait une injustice atroce et toutes ces personnes avaient été violemment abusées», confie-t-il.
Une source d’inspiration pour le futur
Selon les acteurs, The Trial of the Chicago 7 a été tourné avec un regard vers le futur, même s’il aborde une histoire du passé.
«Avec du recul, on voit bien que la guerre du Vietnam était un véritable désastre. Vous savez, ces jeunes étaient brillants et ils avaient raison. Les gens mouraient inutilement dus à des décisions politiques stupides. La voix des jeunes ne devrait jamais être censurée. C’est quelque chose que cette histoire m’a apprise. En tant que personne de 60 ans, lorsque je sors dans la rue, j’ai l’impression qu’ils ont besoin de nous. Il est très insensé d’essayer de les faire taire», soutient Mark Rylance.
Par ailleurs, selon l’acteur britannique, «le climat est beaucoup plus dangereux maintenant qu’il l’était à l’époque. Je félicite William pour son intérêt à aider les gens défavorisés ainsi que le courage dont il a fait part en affrontant le jury comme il l’a fait.»
«Je pense que ce film incite un appel au changement et un appel à croire au pouvoir de la collectivité et de l’activisme, conclut Jeremy Strong. The Trial of the Chicago 7 traite de tout le chemin qu’on a parcouru en tant que pays.»
The Trial of the Chicago 7 est offert sur Netflix depuis le 16 octobre