Briser l’isolement en temps de pandémie
Essentiel en tout temps, le rôle des travailleurs de proximité est mis en relief par la pandémie qui a plongé de nombreux citoyens dans l’isolement et la détresse psychologique. Leur créativité et leur faculté d’adaptation sont devenues leurs meilleures armes pour continuer d’accompagner les citoyens malgré les contraintes sanitaires.
Les travailleurs de proximité sont les agents des organismes communautaires sur le terrain. Leurs tâches sont donc aussi variées que leurs missions, qui peuvent par exemple cibler le dépannage alimentaire, l’assistance des aînés, l’accompagnement des jeunes isolés ou des personnes itinérantes.
Deux missions sont cependant communes à tous ces travailleurs : établir des liens de confiance pour briser l’isolement et orienter les personnes vers les ressources qui peuvent répondre à leurs besoins.
Eliane McDuff est intervenante en HLM pour l’organisme Chez-Nous de Mercier-Est. Son travail consiste à repérer les aînés isolés pour leur proposer de l’aide et les accompagner auprès de ressources adaptées comme un service de ménage, de préparation des repas ou de livraison d’épicerie.
«On repère habituellement les aînés vulnérables dans les parcs, les centres commerciaux ou les CLSC, mais avec le confinement, c’est devenu beaucoup plus compliqué, explique-t-elle. On décuple nos efforts pour rejoindre ceux qui ont besoin d’aide ou de soutien.»
Manon Martin intervient quant à elle auprès des familles pour l’organisme L’Antre-Jeunes. «Les activités qu’on organise habituellement ne peuvent pas avoir lieu. On ne peut plus aller au contact des gens et on doit trouver de nouvelles façons de briser leur isolement», dit-elle.
D’autres façons d’échanger
De nombreux organismes ont saisi l’occasion du virtuel pour continuer à mener leurs missions. «Ça nous permet avant tout de communiquer, et on essaye de proposer des activités en ligne, dit Manon Martin. Par exemple on partage un lien pour que tout le monde puisse regarder le même film. Ou on va distribuer des citrouilles et chacun pourra partager les photos de sa recette sur Facebook.»
L’intervenante continue cependant de sillonner son secteur à pied, en restant au bas des immeubles, pour rappeler aux résidents qu’ils peuvent compter sur elle et discuter à bonne distance.
Les aînés sont plus difficiles à rejoindre via internet. Tous ne sont pas équipés, ni suffisamment à l’aise avec ces outils, ou préfèrent simplement les vraies interactions.
«Les gens ont plus de mal à nous faire confiance sans nous voir. Je privilégie le téléphone et il m’est arrivé de laisser ma photo dans une boite aux lettres pour que la personne voit mon visage, dit Éliane McDuff. C’est sûr qu’on évite les contacts, mais s’il y a un besoin particulier, on se déplace quand même en respectant les mesures sanitaires.»
«La distance physique n’est pas idéale, mais on ne lâche pas! On s’adapte et on cherche des solutions créatives pour continuer à soutenir les gens.» – Manon Martin, intervenante en HLM pour l’organisme L’Antre-Jeunes
Plus de solidarité
«La pandémie a renforcé la concertation entre les organismes», observe Taï Cory, directeur de la table de concertation Solidarité Mercier-Est qui coordonne des projets entre les différents acteurs du milieu communautaire pour répondre au mieux aux besoins de la population.
Cette solidarité a notamment permis de bâtir un réseau d’une dizaine d’intervenants de proximité qui naviguent entre plusieurs organismes appelé Mercier Est en Réseau. Ils continueront d’aller à la rencontre des citoyens dans les prochains mois pour répondre à leurs besoins et combattre leur isolement.