Démantèlement du pont Champlain, un travail de moine
Les 3,4 km du pont Champlain seront déconstruits pièce par pièce d’ici 2024. Différentes méthodes seront utilisées pour le démantèlement du pont Champlain alors que l’emblématique structure de métal disparaîtra du paysage montréalais à l’hiver 2022.
La société des Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée (PJCCI) a octroyé le contrat de déconstruction au consortium Nouvel Horizon Saint-Laurent (NHSL). Ce dernier procèdera d’abord à la déconstruction des portions en rive à partir de jetées, un quai temporaire de roches aménagé en bordure du fleuve. Les équipements habituels, comme une pelle mécanique et des grues, pourront être utilisés.
La signalisation, les luminaires et les travées seront aussi défaits. Il s’agit d’un «travail à la chaîne», une méthode qui sera répétée de L’Île-des-Sœurs jusqu’au secteur de la Voie maritime.
La seconde portion, qui consiste à 65% du projet, s’effectuera sur le fleuve à l’aide de barges. Un système de plateformes fixées à des tours de levage servira à recueillir le tablier de 2200 tonnes et le métal.
«Une fois descendue, la travée suspendue sera démantelée en morceaux à l’aide d’une grue, détaille le directeur adjoint du projet, Simon Hébert. La déconstruction des piliers va s’effectuer mécaniquement du haut vers le bas et ensuite le retrait de la section sous-marine, qui inclut la partie des fondations.»
Ces travaux doivent se faire absolument l’hiver puisque c’est le seul moment où ça ne perturbe pas le trafic maritime, la Voie étant fermée.
Le chantier se terminera par la déconstruction des piles et la démobilisation des jetées d’ici janvier 2024.
Environnement
Le projet comprend un aspect de valorisation des matériaux. Au total, 287 tonnes de matériaux, majoritairement du béton, sera réemployé ou recyclé. De plus, des portions du pont pourront être réutilisées dans différents projets d’infrastructure à Montréal.
Comme la déconstruction du pont aura une incidence sur l’habitat des poissons, des projets de compensation sont prévus pour minimiser l’impact. Ainsi, un projet de recherche est prévu sur l’efficacité des corridors de migration des poissons en collaboration avec l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Deux corridors seront installés dans les jetées près de L’Île-des-Sœurs.
La déconstruction vise la certification Envision, c’est-à-dire une certification environnementale et sociale pour les infrastructures.
Impacts limités
Le chantier a déjà commencé cet été dans le secteur de L’Île-des-Sœurs. La culée du pont, soit celle qui relie le sol, a été défaite. Deux travées et la pile, c’est-à-dire un appui qui soutient le tablier de la structure, ont aussi été démolies. Les travaux continueront cet automne près de l’île.
Une vingtaine de camions par jour circuleront dans le secteur, mais «aucun camionnage ne va se faire le matin ou l’après-midi pour l’ensemble des matériaux de déconstruction. On parle de soirée après 19h, mais limité au règlement municipal et en journée entre 10h et 15h», fait savoir M. Hébert.
Par ailleurs, aucune plainte n’a été reçue jusqu’à présent concernant l’impact des travaux. Des sonomètres sont utilisés sur les chantiers, de même que des stations de mesure de la qualité de l’aire.
Comme déjà annoncé, la déconstruction s’effectuera dans une enveloppe globale de 400 M$. Le contrat octroyé à NHSL est de 225,7 M$, auxquels s’ajouteront des frais liés à la mise en place de mesures sanitaires.
Le chantier devait initialement durer trois ans, mais il a été réévalué à un échéancier de 43 mois notamment pour réduire l’impact chez les résidents.
Une séance virtuelle aura lieu pour les résidents de L’Île-des-Sœurs le 20 octobre, à 19h. Le lien est accessible sur le site deconstructionchamplain.ca.