Économie: Québec et Ottawa financent un mouvement pour «relancer» Montréal
Alors que Montréal peine à redresser son économie à l’aube d’une deuxième vague du coronavirus, les trois principaux paliers de gouvernement unissent leurs forces pour «relancer» la métropole avec des investissements de près de 1,3 M$. Québec se montre toutefois froid à l’idée d’accorder un statut économique particulier au centre-ville de la métropole.
Dans les derniers mois, le marché du travail a connu une reprise importante à Montréal, après avoir connu un creux important en avril en raison de la pandémie. Nombre des entreprises qui ont repris leurs activités cet été dans le contexte du déconfinement dépendent toutefois de programmes d’aide provenant d’Ottawa et des autres paliers de gouvernement. Ce sont notamment quelque trois millions de Canadiens qui ont bénéficié de la subvention salariale du gouvernement fédéral au cours des derniers mois, a indiqué mardi la ministre du Développement économique au sein du gouvernement fédéral, Mélanie Joly.
«Ça affecte certainement les données économiques», a-t-elle soulevé en marge d’une conférence de presse tenue mardi avant-midi au Palais des congrès, au centre-ville de Montréal.
«Il y a une menace réelle que des gens pourraient perdre leur emploi, car les entreprises sont en difficulté.» -Mélanie Joly, ministre du Développement économique
Relance de l’économie de Montréal
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) a ainsi annoncé mardi le lancement du mouvement «Relançons MTL». Celui-ci vise à mobiliser des associations représentant 14 des principaux secteurs de l’économie de Montréal afin que ceux-ci puissent faire part de leurs besoins spécifiques aux différents paliers de gouvernement. Parmi les domaines ciblés, on compte celui de l’aérospatiale, du commerce de détail, du tourisme et celui des technologies de l’information, entre autres.
«On a une crainte d’une deuxième choc économique qui serait reliée au fait que progressivement, ces mesures [d’aide financière] vont diminuer. Il faut que les entreprises retrouvent leur capacité de soutenir leur masse salariale», a évoqué le président et chef de la direction de de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.
Afin de permettre à cette initiative de se mettre en branle, celle-ci reçoit une contribution de 425 000$ de la part du gouvernement Legault et de 750 000$ de la part d’Ottawa. La Ville de Montréal accorde pour sa part une aide financière de 100 000$.
Actions ciblées
Ce financement permettra notamment la création de neuf plans d’action qui feront l’objet d’autant de forums sectoriels. Un événement de clôture aura ensuite lieu en novembre. La CCMM proposera alors des solutions aux différents aux différents besoins auxquels font face chacun des domaines concernés. À cet égard, le ministre du Travail au sein du gouvernement Legault, Jean Boulet, a notamment fait état des défis reliés au vieillissement de la population à la «pénurie de main-d’oeuvre» dans plusieurs secteurs «en effervescence», notamment celui des technologies de l’information.
«C’est une période qui est cruciale. Nous serons présents à Québec pour vous soutenir pendant la crise. Et après la crise, il faut être en action pour s’assurer que la relance soit durable, efficace et aussi inclusive», a fait valoir M. Boulet. Ce dernier a d’ailleurs rappelé l’importance de continuer à respecter les mesures sanitaires afin d’éviter que la deuxième vague du coronavirus ait les mêmes répercussions que la première sur l’économie de la province.
Soutenir le centre-ville
La semaine dernière, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a pressé le gouvernement Legault d’accorder un statut économique distinct au centre-ville de Montréal, qui a durement écopé de la chute du tourisme et du manque d’employés présents dans ses tours à bureaux dans le contexte de la pandémie.
Questionné par Métro, le ministre Jean Boulet a écarté cette possibilité.
«Ça ne m’apparaît pas pertinent de découper le Québec en fonction de statuts particuliers», a tranché le ministre, qui se dit partisan de «l’intégrité économique du Québec». Il se montre toutefois ouvert à mettre en place des «mesures spécifiques» afin de répondre à des besoins «bien documentés» dans la province. Une alternative qui satisfait Michel Leblanc.
«Si le gouvernement me dit qu’il est confortable d’avoir des programmes qui s’adressent à l’ensemble du Québec, mais qui ont des critères qui répondent aux besoins du centre-ville, je n’ai pas de misère avec ça», a-t-il commenté à Métro.