Le poids de la pandémie
On ressent le poids de la pandémie partout au sein de la population, même par notre propre tour de taille. En effet, environ 40% des Canadiens ont pris du poids depuis la mi-mars, si l’on en croit certains sondages. Le gain de poids peut s’expliquer de multiples façons, mais certains gouvernements choisissent d’agir maintenant, durant la pandémie, pour conscientiser leurs citoyens.
C’est précisément ce que l’Angleterre a décidé de faire cette semaine. Les nouvelles initiatives gouvernementales dans le pays incluent l’interdiction des publicités télévisées et en ligne pour la malbouffe avant 21h. Les menus en restauration devront aussi indiquer les calories, tandis que les promotions exagérées de produits calorifiques devront cesser. Fini les barres de chocolat près des caisses enregistreuses qui incitent les gens à acheter sous l’impulsion du moment. La campagne prévoit même des consultations afin d’évaluer la possibilité d’afficher les calories sur les produits alcooliques. La campagne «Better Health» sera introduite avec des plans de gestion du poids élargis au service des citoyens du pays. La campagne durera neuf mois.
De nombreuses personnes au Canada, soit environ 25%, ont utilisé le confinement comme une occasion de changer leurs habitudes et d’adopter des comportements plus sains, mais certaines recherches ont aussi démontré qu’au-delà de la moitié de la population a eu plus de mal à rester en bonne santé pendant cette période. Le grand confinement, à part le stress, a bouleversé nos habitudes. Bien qu’il faille rester actif pour réussir à perdre et à maintenir son poids, il reste essentiel d’améliorer son alimentation, car la plupart des gens consomment plus de calories qu’ils en ont besoin. Les collations et les ventes de boissons alcooliques augmentent partout en Occident.
Parallèlement à une promotion de masse à l’échelle nationale, la campagne ciblera spécifiquement les zones et les groupes les plus touchés par l’obésité et l’excès de poids. Les preuves démontrent que les communautés ethniques noires, asiatiques et minoritaires sont touchées de manière disproportionnée par l’obésité ainsi que par la COVID-19.
Il faut saluer l’effort du gouvernement britannique et reconnaître que le programme va beaucoup plus loin que n’importe quelle autre campagne du genre. D’abord, il arrive à point nommé, compte tenu de la pandémie et de son impact sur certains groupes démographiques affectés. Le programme s’attaque au tabou de l’obésité, un facteur important pour la prévention de la COVID. C’est aussi la première fois qu’un programme orienté sur la santé s’ingère dans la façon dont les produits se vendent dans les magasins de détail, sans utiliser une taxe régressive. Les revenus des détaillants se verront affectés, mais le programme ne durera que neuf mois. Même chose pour la publicité et les revenus versés aux médias.
Paradoxalement, l’annonce de l’approche britannique s’est faite à peine 10 jours après que ce même gouvernement dépensait 1 milliard de dollars pour offrir des rabais en restauration pour encourager ses citoyens à sortir davantage.
Tous les lundis, mardis et mercredis du mois d’août, chaque citoyen aura droit à un rabais de 20$ par jour, chaque fois qu’il effectue une visite à un restaurant de son choix. N’importe quel restaurant peut participer au programme, même la restauration rapide où les produits calorifiques et malsains se vendent en abondance. L’idée créative pour inciter les gens à sortir dissimule toutefois un manque de cohérence flagrant.
Au Canada, certaines pratiques existent déjà, par exemple, les calories apparaissent à côté des mets sur les menus. L’aveu collectif que notre population est trop grasse, et encore plus grasse qu’avant s’avère nécessaire maintenant. D’encourager les Canadiens à faire de l’exercice et à mener une vie active apporterait un peu de changement aux annonces sur la COVID-19 qui ne finissent plus. Il ne faut pas négliger l’importance de se protéger, mais un message plus positif, hop la vie, ferait aussi du bien.