Séries télévisuelles: un milieu en quête de réponses
Le Québec est sur pause et les plateaux de tournage des séries télévisuelles aussi. Les artisans devant comme derrière la caméra font face à un important casse-tête pour établir les nouveaux standards sanitaires qui guideront leurs pratiques.
Les associations et syndicats du milieu évaluent les consignes sanitaires qui seront appliquées à la fin de la pandémie.
«On veut avoir une approche globale pour couvrir les normes d’hygiène qui pourront s’appliquer à tout le monde sur plateau», souligne Mylène Cyr, directrice générale de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ).
Lavabos sur le plateau, désinfection des lieux de tournage, toutes les options sont sur la table.
«On compte bien avoir une reprise progressive, mais en toute sécurité. On va certainement se doter d’outils pour pouvoir tourner sécuritairement dès que ce sera possible de le faire pour nos fictions», souligne Stéphanie Hénault, directrice générale de la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC).
Les lieux de tournage forcent une proximité entre les membres de l’équipe. Selon les productions, on peut compter par dizaines le nombre de personnes sur un plateau.
«C’est souvent des endroits qui sont assez petits. On tourne souvent dans des logements, des appartements», dit Simon Dugas, responsable du programme de cinéma au cégep de Saint-Laurent.
«Les réseaux de télévision vont s’adapter pour remplir leur grille en passant des émissions de variétés.» — Simon Dugas, responsable du programme de cinéma au cégep de Saint-Laurent.
Profession chamboulée
La reprise des activités causera d’importants maux de tête aux travailleurs de l’audiovisuel.
Les réalisateurs, qui ont tendance à œuvrer sur plusieurs plateaux, devront faire des choix. «Ce qu’on voudrait, c’est qu’ils puissent avoir le temps de garder leurs projets. C’est déjà des pertes de ne pas pouvoir travailler et on ne veut pas les doubler s’ils sont obligés de choisir», indique Mylène Cyr.
La scénariste Joanne Arseneau, qui planche sur la quatrième saison de Faits divers, voit difficilement comment les échéanciers pourraient être respectés.
«On devait commencer à tourner au début juin. Si on commence au mois d’août, est-ce que les émissions vont être prêtes [à temps]? Est-ce qu’ils vont engager trois monteurs au lieu d’un pour monter les épisodes plus vite», se questionne Mme Arseneau, qui est aussi vice-présidente de la SARTEC.
Les scénaristes comme les réalisateurs feront face à un défi stylistique si des mesures de distanciations physiques sont nécessaires.
«La série a une signature, une image. Tout d’un coup, tu ne peux pas te permettre de faire tout autrement. Ce n’est plus une suite à ce moment-là», dit Mylène Cyr.
Pour Joanne Arseneau, pas question de revoir le déroulement de certaines scènes. «Je n’accepterais pas de faire ça. Le projet existe déjà depuis trois ans. Je ne pense pas qu’on va mettre les policiers à se parler à deux mètres de distance. On ne va pas là», dit-elle.
Au Québec, le printemps et l’été sont considérés comme les périodes de tournage achalandées. Pour l’instant, aucune annonce n’a été faite quant à une possible reprise des séries télévisuelles.