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Michael Mando: «Jouer Nacho m’a donné du courage»

Michael Mando est Nacho Varga dans «Better Call Saul»
Michael Mando est Nacho Varga dans «Better Call Saul» Photo: Collaboration spéciale Greg Lewis/AMC/Sony Pictures Television

Les criminels attachants sont rares au petit écran. Les fans de Better Call Saul (BCS), série dérivée de la légendaire Breaking Bad, sont nombreux à souhaiter voir Ignacio «Nacho» Varga, bras droit de l’empire Salamanca et taupe du rival Gustavo Fring, s’en sortir. Son interprète montréalais Michael Mando a lui-même développé un lien fort avec ce personnage clé de la cinquième saison, dont la finale sera diffusée lundi soir.

Nacho est une force tranquille qui prend du galon au fil des saisons de BCS. Tout bascule pour lui lorsque son père, Manuel, se retrouve impliqué malgré lui dans ses activités criminelles. C’est une véritable prise de conscience pour Nacho, qui cherchera dès lors à le protéger.

Ce rôle est déterminant dans la carrière de Michael Mando, qu’on a pu voir dans la série Orphan Black ainsi que les films The Hummingbird Project et Spider-Man: Homecoming.

«C’est quelqu’un qui a fait un mauvais choix quand il était très jeune et il en paye le prix très, très cher.» Michael Mando, à propos de Nacho Varga, son personnage dans Better Call Saul

Pourtant, le natif de Québec qui a grandi en Afrique et vécu longtemps à Montréal ne se destinait pas à une carrière d’acteur. «Je n’aurais jamais pensé que ce serait possible, dit-il. C’est arrivé vraiment, vraiment par hasard.»

Dans sa vingtaine, il a entrepris des études dans divers domaines, dont la psychologie, l’économie et les relations internationales. Il avait même envisagé une carrière en sports, mais rien ne l’accrochait.

Puis, après avoir été blessé dans un accident, Michael Mando a été incapable de marcher pendant deux ans. C’est alors qu’il s’est inscrit à une école de théâtre. Le coup de foudre fut instantané.

«J’ai développé une discipline dès le début. J’étais incapable de m’en priver», dit-il.

La personnification de Vaas Montenegro dans le jeu Far Cry 3 lui a ouvert les portes d’Hollywood, dont celles de BCS.

J’ai pu voir la finale de la saison 5. Sans révéler l’intrigue, on peut dire que votre personnage y joue un rôle déterminant et que son avenir est en jeu. Quel regard portez-vous sur son parcours depuis le début de la série?

Je me sens tellement chanceux de tenir un rôle aussi iconoclaste. Nacho est vraiment l’opposé de ce qu’on voit habituellement chez ce genre de personnage. C’est l’antithèse de Tony Montana dans Scarface. Au début, il a une ambition criminelle un peu stéréotypée, puis, il finit par prendre un chemin complètement opposé. En fin de compte, c’est un antihéros qui devient un héros. C’est vraiment incroyable.

Bien qu’il soit membre d’une organisation criminelle, Nacho est un des personnages les plus aimables de BCS, car il cherche à s’en sortir. Comment avez-vous voulu incarner son humanité?

Dès qu’on a introduit le personnage de son père, j’ai développé une relation avec l’acteur Juan Carlos Cantu. On est allé dîner ensemble la première journée et on a immédiatement développé une camaraderie qui s’est transposée au tournage. Je pense que les scénaristes l’ont vu et ont compris que ça allait être très important pour le personnage. C’est ce qui a commencé à l’humaniser. Bien sûr, quand on travaille avec [les producteurs et créateurs] Vince Gilligan et Peter Gould, tout commence et finit avec eux, donc je leur donne tout le crédit.

On se dit souvent «pauvre Nacho» en voyant ce qui lui arrive. Vous l’êtes-vous dit aussi?

(Rires) Non. Je trouve que, dans la vie en général, se voir comme une victime est une défaite assurée. Donc, non, je ne me suis jamais dit «pauvre Nacho», car j’essaie toujours de lui trouver de la force. Les circonstances sont tellement difficiles pour lui. C’est un personnage qui a vraiment un wake-up call moral, au point où il est prêt à mettre sa vie en danger pour sauver celle de son père. Il y a une certaine noblesse et du courage dans ça. C’est vraiment cet esprit de guerrier qui me motive chez lui.

Les derniers épisodes de la saison abordent l’importance des choix. C’est le cas pour les personnages de Nacho et de Jimmy McGill, dit Saul Goodman, qui doivent apprendre à vivre avec les conséquences de leurs actions passées. Tirez-vous des leçons de leurs expériences?

J’ai vécu quelque chose de très étrange dans la dernière année. Pendant que je tournais la série, j’ai appris que mon père avait un cancer avancé. C’était très bizarre de jouer un personnage qui se bat pour sauver la vie de son père, puis de rentrer à la maison et d’appeler mon véritable père pendant ses traitements de chimiothérapie. J’avais vraiment l’impression de connecter avec le personnage. Je ne dis pas ça pour avoir de la sympathie, mais parce que ça m’a donné du courage. L’art peut nourrir la vie et la vie peut nourrir l’art. C’est quelque chose qui a été infusé dans le personnage. J’ai compris l’importance de l’amour et du pardon malgré nos défauts et ceux de nos proches. On est parfois très dur. Avec la maturité, on apprend qu’il y aura toujours des failles dans la vie, tant en amour qu’en nous-mêmes, et qu’on peut aimer malgré tout.

Cette saison de BCS met la table pour le début de Breaking Bad, série dans laquelle Nacho ne fait pas partie, contrairement aux personnages de Gustavo Fring, Hector Salamanca ou Mike Ehrmantraut, entre autres. Savez-vous ce que l’avenir lui réserve?

Oh là là! Je peux vous dire que la saison 6 va être absolument intense! (Rires) Un gros tonnerre attend la majorité des personnages. Je ne sais pas si ce sera la mort ou autre chose, mais ce sera très intense. J’ai vraiment hâte de tourner ça.

À ce sujet, comment avance la saison 6? Quels impacts ont les mesures de confinement sur votre calendrier?

Les auteurs écrivent les épisodes par vidéoconférence. J’imagine que ça doit être un peu difficile pour eux parce qu’on travaille toujours mieux en personne quand on peut voir les réactions des gens, ressentir leur énergie, manger avec eux, prendre des pauses café, rigoler et tout. Mais ils font de leur mieux. Le plan initial était de tourner en septembre, mais j’ai l’impression que ça pourrait être reporté.

D’ailleurs, vous tournez au Nouveau-Mexique, là où l’action de la série se déroule. Pouvez-vous nous en dire plus sur les conditions de tournage?

C’est difficile parfois. Je sais que l’épisode 8 de cette saison [où Jimmy et Mike sont en survie dans le désert] a été très éprouvant pour l’équipe technique et les acteurs. On était un peu inquiet pour eux à un moment donné, mais ce sont de vrais soldats et ils en sont sortis encore plus forts. Ça fait partie de l’expérience. C’est comme lorsqu’on part à l’aventure: il y a des jours où il pleut, c’est plus amusant que s’il faisait beau tous les jours.

La finale de la saison 5 sera diffusée à 21 h lundi soir sur AMC. Les quatre premières saisons sont accessibles sur Netflix.


Les débuts de Michael Mando en musique

En parallèle à sa carrière d’acteur, Michael Mando a lancé la semaine dernière la chanson pop The Wild One, premier extrait d’un EP enregistré à Montréal avec les musiciens de Céline Dion. 

Il n’envisageait pourtant pas une carrière en musique. «J’en ai fait toute ma vie, mais j’ai toujours gardé ça privé», dit-il.

La maladie de son père l’a notamment incité à aller de l’avant. «J’avais envie que mon père me voit dans ma totalité pendant qu’il est encore en vie, qu’il comprenne que je l’aime.» Le chanteur fait d’ailleurs référence à lui ainsi qu’à sa mère dans les paroles de The Wild One.

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