Itinérance: un refuge dévoué aux Premières Nations inauguré près du Square Cabot
Un nouveau refuge entre autres dédié aux populations inuites et aux Premières Nations en situation d’itinérance a été inauguré jeudi, près du Square Cabot. Se voulant «moderne» et repensé, Résilience Montréal répondra à une «crise grandissante» en santé publique dans le secteur alors que La Porte ouverte, qui offrait des services de première ligne près du métro Atwater, a déménagé l’été dernier sur le Plateau-Mont-Royal.
«Ça a créé une crise. Il y a eu des décès, et ça c’est inacceptable», a illustré la mairesse de Montréal Valérie Plante à ce sujet. Le nouveau centre ira «bien au-delà» de l’offre de services, selon elle. «Il va créer une communauté, pour se sentir en famille», a-t-elle dit, parlant d’un «safe space» pour les gens dans le besoin.
Un soutien psychosocial, ainsi que des distributions de repas et de soins d’hygiène, sera disponible sur place, de 8h à 20h.
«Pour certaines personnes, un kilomètre et demi, c’est déjà trop loin, a ajouté la chef de Projet Montréal en parlant du déménagement de La Porte Ouverte. Il fallait trouver des solutions. […] Quand il y a une problématique, il n’y a pas de territoire.»
Quelque 150 personnes pourront fréquenter les services de Résilience Montréal à l’année longue. Plusieurs organismes communautaires, arrondissements et institutions de santé ont participé à sa mise sur pied.
Près d’un million en soutien financier
Un financement de 900 000$ a été accordé au centre pour sa première année d’existence. En plus de la participation de Québec et de la Ville de Montréal, le tiers du budget provient du nouveau Fonds Réflexe Montréal en itinérance (FRMI).
Celui-ci donne une «latitude» aux autorités sanitaires et politiques pour «soutenir de grandes nécessités qui peuvent se pointer à Montréal» en matière de précarité sociale, croit la directrice adjointe au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Julie Grenier.
«Ce projet démontre la force et la richesse d’agir ensemble. À plusieurs, on est capables de faire avancer très rapidement les plus grosses machines.» -Julie Grenier, directrice adjointe au CIUSSS du Centre-Sud
Pour la ministre Sylvie D’Amours, le dossier des affaires autochtones n’est pas politique, mais surtout «humain, de nations à nations». «On connait les défis auxquels les Inuits et les Premières Nations font face lors de la transition entre leurs communautés et le milieu urbain. On ne peut pas tout régler en une journée, mais la volonté est là. Il faut aller au-delà des mots et des promesses», a-t-elle tonné.
Sur place, tous les élus ont souligné «la ténacité» et la persévérance de la directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Nakuset, et de la responsable de la Communauté Nazareth, Sheila Woodhouse, qui ont porté le projet à bout de bras dans les derniers mois.
Une situation «complexe» au Square Cabot
Le natif du Nunavut, Tutulak Kumak, fréquentait déjà La Porte ouverte avant que le centre ne doive déménager ses locaux. Les larmes aux yeux, il s’est dit jeudi «submergé» par l’inauguration de ce nouveau refuge, qu’il a bien l’intention de fréquenter au quotidien.
Une situation qui illustre bien, d’après la mairesse de Westmount, Christina Smith, que la problématique au Square Cabot est «très complexe».
La marginalisation et l’exclusion sociale de plusieurs membres des Premières Nations doit selon elle faire l’objet d’un débat de société.
«Il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle lâché. Il faut trouver un emplacement à long terme pour soutenir ces populations vulnérables.»