Écoparc industriel de la Grande Prairie: une version améliorée qui dérange toujours
La nouvelle version de la Cité de la logistique, rebaptisée Écoparc industriel de la Grande Prairie, continue d’attirer les critiques des opposants au projet de développement du secteur Assomption-Sud-Longue-Pointe.
Plusieurs visions s’affrontent sur le meilleur modèle de développement pour ce secteur, situé entre l’avenue Souligny, les installations du port de Montréal, la gare de triage Longue-Pointe et l’autoroute 25, dans l’Arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.
Si tous saluent la volonté d’intégrer des entreprises novatrices tournées vers l’écologie industrielle, le clivage s’est fait apparent lors de la première des trois séances d’auditions des opinions, dernière étape du processus de consultation mené par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). La rencontre a réuni une cinquantaine de citoyens, le mardi 23 avril.
Rappelons qu’après une forte mobilisation citoyenne, qui a mené à l’abandon de la première mouture du projet, la Ville présente un nouveau concept, qu’elle souhaite plus écologique et bénéficiant d’une acceptabilité sociale accrue.
Des installations à pleine capacité
Le scénario sur la table prévoit le prolongement du boulevard L’Assomption, jusqu’à la rue Notre-Dame Est. L’avenue Souligny serait également prolongée, afin d’être raccordée au boulevard l’Assomption. Un viaduc enjambant la rue Notre-Dame, dans l’axe du boulevard l’Assomption à la sortie du port, complètera la boucle.
Selon l’exposé présenté par Daniel Dagenais, vice-président aux opérations du Port de Montréal, ce nouveau lien routier est essentiel afin d’améliorer la mobilité des marchandises, car les installations portuaires atteindront leurs pleines capacités vers 2024.
« Aujourd’hui, plus de 2500 camions visitent nos installations sur une base quotidienne. Lorsque cette pleine capacité sera atteinte, on estime que ce chiffre passera à plus 3900 camions », a-t-il expliqué.
Selon lui, la création de ce lien routier en viaduc permettrait à plus de 1700 de ces camions d’accéder au secteur portuaire, qui éviteraient ainsi d’emprunter la rue Notre-Dame, que l’on veut transformer en boulevard urbain.
Des chiffres qui ont fait bondir Raymond Moquin, président du Collectif en environnement Mercier-Est, qui déplore les nuisances sonores qui seront engendrées, et juge décevant de se retrouver après deux ans de mobilisation devant un projet qu’il qualifie de Cité de logistique 2.0.
« Je me suis présenté ici avec des craintes, mais avec cette hausse du camionnage, annoncée comme si on n’avait rien à dire, j’ai l’impression de ressortir avec un cauchemar. On rajoute une petite piste cyclable parc ici, mais ça ne change pas le fond du projet. » -Raymond Moquin, président CEM-E
Ces nouveaux développements routiers inquiètent également Daniel Charretier, architecte paysagite retraité de la ville de Montréal, qui se demande comment il sera possible d’intégrer le futur tramway de l’Est, promis par le gouvernement caquiste, à ce « ce spaghetti de viaducs, de tournicotins et d’infrastructures routières. »
Des milieux humides à protéger
Patricia Clermont, du Collectif Sauvons le ruisseau Molson et une des chefs de file de la mobilisation de 2017, milite plutôt pour la création d’un parc nature et la mise en place d’aménagements pour la production maraîchère sur le site.
« Nous ne pouvons souscrire à une proposition d’intégrer le boisé Steinberg à l’intérieur de la boucle, avec cet échangeur d’une hauteur de 9 mètres emprisonnant le boisé dans une structure autoroutière, se désole-t-elle. C’est complétement à l’envers de ce qu’il faut faire. »
Ce boisé, situé au sud de la rue Hochelaga et à l’ouest du boulevard de l’Assomption, héberge un milieu humide. Le site est considéré pour la construction d’un nouveau poste d’Hydro-Québec et d’un garage de la STM, en plus de la bretelle reliant l’avenue Souligny et le boulevard de l’Assomption.
Ajoutons que le secteur visé par la consultation inclut un terrain contaminé stratégique, propriété depuis 2016 de l’entreprise Ray-Mont Logistics, qui souhaite y installer une plateforme de transbordement de céréales et de légumineuses. L’entreprise est présentement devant les tribunaux, en litige avec la Ville de Montréal, et ne participe pas à la consultation publique.
Fin de la démarche de consultation en vue
Les deux élus entendus lors de cette première séance, le député provincial d’Hochelaga-Maisonneuve Alexandre Leduc, et la députée fédérale d’Hochelaga Marjolaine Boutin-Sweet, ont également émis des réserves.
Le premier a déploré que la vision du projet soit articulée autour des besoins du port, et appelé les décideurs à un retour à la table à dessin. Une table à laquelle le fédéral devrait être invité, étant propriétaire de plusieurs des infrastructures concernées, souligne la seconde.
Une deuxième séance, avec des présentations entre autres du Conseil régional de l’environnement de Montréal, s’est déroulée cet après-midi. Elle sera suivie d’une troisième et dernière en soirée. Les citoyens désireux de transmettre leur opinion sur le projet peuvent toujours le faire, sur le site de l’OCPM, jusqu’à minuit ce soir.
« Nous sommes très satisfaits de la participation et de la bonne diversité d’opinion, s’est réjoui Luc Doray, secrétaire général de l’OCPM. Bien sûr, les gens qui sont les plus impactés sont les plus réticents, mais notre rôle est de rester neutres et de tracer des pistes qui vont augmenter le niveau d’acceptabilité sociale du projet. »
Le rapport, qui comprendra une analyse des commissaires et des recommandations non contraignantes à l’intention des décideurs municipaux, devrait être déposé au Conseil Municipal du mois d’août.
Pour en savoir plus, consultez le site de l’OCPM, à l’adresse www.ocpm.qc.ca/fr/assomption-sud-longue-pointe