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François Legault: «Si on veut que le Québec aille bien, il faut que Montréal aille bien»

Photo: Josie Desmarais/Métro

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), formation qui n’est jamais parvenue à faire élire un député dans la métropole­, tente de séduire l’électorat montréalais depuis le début de la campagne­. Le temps d’un court trajet dans son bus – qui a été pris dans les embouteillages –, François Legault a discuté avec Métro des enjeux électoraux montréalais. Le chef caquiste s’est d’ailleurs dit prêt à accéder à plusieurs demandes de la Ville de Montréal. Deuxième de notre série d’entrevues avec les leaders des quatre principaux partis.

Si vous devenez premier ministre, comment envisagez-vous votre relation avec la mairesse de Montréal, Valérie Plante?
J’ai eu une rencontre très amicale avec elle [le 7 septembre]. C’est important. Montréal, c’est la métropole, et si on veut que le Québec aille bien, il faut que Montréal aille bien. On se rejoint sur beaucoup d’enjeux, comme augmenter de façon importante le transport en commun à Montréal. L’économie aussi: c’est important que le gouvernement du Québec accompagne mieux Montréal pour accueillir des emplois payants. Et l’éducation: il y a un manque d’espace dans les écoles à Montréal.

Vous êtes d’accord avec la mairesse quand elle dit vouloir une relation d’égal à égal entre Montréal et le gouvernement?
Oui. La seule chose que j’ai à ajouter, c’est que le gouvernement du Québec a une responsabilité d’arbitrage entre le 514 et le 450. S’il y a entente, le gouvernement du Québec n’a pas besoin d’intervenir, mais s’il y a un conflit, des mésententes entre Montréal et les banlieues, le gouvernement du Québec a la responsabilité d’arbitrer.

Vous étiez opposé au projet de la ligne rose, mais vous vous êtes ravisé. Si les études sont positives, irez-vous de l’avant avec ce projet de prolongement de métro?
La ligne rose, compte tenu du trajet et du nombre de kilomètres, ça nous semble très coûteux. J’ai accepté, avec Mme Plante, de regarder [les résultats d’]une étude qui sera faite. Les couronnes nord et sud veulent prolonger le REM [Réseau express métropolitain]. Il y a des besoins et des grosses clientèles. Donc, il faut voir la hiérarchie des priorités, compte tenu des besoins et de la clientèle desservie.

Vous proposez entre autres le prolongement des autoroutes 13 et 19. Des études montrent pourtant que l’accroissement de la capacité des routes fait augmenter la congestion automobile…
Je ne suis pas d’accord avec ces études. L’importance du transport en commun va s’accélérer, mais il y a une période de transition. Il y a des banlieues où on n’a pas la densité nécessaire pour desservir certaines populations avec le transport en commun. C’est important qu’en même temps qu’on augmente l’offre du transport en commun, on augmente les capacités [routières] à certains endroits.

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain [FRAPRU] estime qu’il faut construire 50 000 logements sociaux au Québec au cours des cinq prochaines années. Est-ce que la CAQ est prête à répondre positivement à cette demande?
On s’engagerait à regarder les besoins, compte tenu des annonces récentes du gouvernement libéral. Je ne peux pas répondre sur le nombre exact. Dans l’opposition, on n’a pas les outils capables d’évaluer les besoins. Je suis conscient qu’il y a un manque de logement social. Il faut voir les besoins de l’ensemble du Québec, mais j’ai une ouverture, oui.

L’environnement est quasi absent de votre campagne. Pourquoi? [Au lendemain de l’entrevue, des groupes environnementaux ont classé les partis sur leurs engagements en matière de lutte aux changements climatiques. La CAQ est arrivée en dernière position.]
C’est au sommet des priorités! C’est clair, il y a un consensus dans notre société, il faut faire des investissements importants dans le transport en commun, à Montréal, en banlieue, à Québec. Il faut aussi protéger le Saint-Laurent, qui, avec les Grands lacs, représente 20% des réserves d’eau douce du monde. On a un devoir de protection. On veut augmenter les exportations d’hydroélectricité pour remplacer les centrales au charbon, au gaz, nucléaires de nos voisins. Le Québec a la chance d’avoir cette énergie propre qui est l’hydroélectricité. On doit en profiter et c’est la plus grande contribution que le Québec pourrait faire pour réduire les gaz à effet de serre en Amérique du Nord.

Et pourtant, vous voulez continuer de construire des routes, des ponts, sachant que le transport représente 40% des émissions de gaz à effet de serre [GES] au Québec…
Il faut encourager le transfert des autobus, des camions, des autos vers l’électrique, mais il faut aussi être réaliste. Le Québec est très grand. Il y a des zones rurales peu densifiées, où il faudra garder les automobiles pendant au moins plusieurs années. Il faut que les gens, par exemple dans Chaudière-Appalaches, soient capables de venir à Québec. On n’a pas la densité là-bas pour être capable d’installer le transport en commun. C’est pour ça qu’on a besoin du troisième lien à Québec.

Les écoles de Montréal débordent, elles sont vétustes et le modèle pédagogique évolue très peu. Que comptez-vous faire pour moderniser les écoles du Québec?
C’est vraiment dramatique la qualité de vie qu’on offre dans nos écoles au Québec. On doit avoir de belles écoles. Il doit y avoir des sommes importantes investies dans la rénovation des écoles. Ça aurait dû être fait depuis longtemps. On va aussi agrandir nos écoles pour avoir des maternelles à 4 ans partout au Québec. Dans les écoles secondaires, on veut ajouter cinq heures par semaine pour faire des arts, du sport. Ça va impliquer d’augmenter la capacité d’infrastructures sportives.

Il y a deux sujets sportifs majeurs qui concernent Montréal: le retour d’une équipe de baseball et la Coupe du monde de soccer en 2026. Seriez-vous prêt à investir pour ces deux sports?
On est très ouverts et pour la Coupe du monde et pour les Expos. On veut s’assurer de bien calculer les retombées économiques, pour que le montant investi par le gouvernement du Québec soit inférieur aux retombées économiques réelles. Mais c’est clair que pour les deux, il y aurait des retombées économiques importantes.

La vérificatrice générale (VG), dans son rapport de 2017, pointe du doigt des déficiences au ministère de l’Immigration dans l’accompagnement des nouveaux arrivants. Reconnaissez-vous la part de responsabilité de l’État dans l’échec de la francisation de certains immigrants?
Absolument. Dans la politique qu’on a déposée il y a quelques années, on dit que c’est une responsabilité partagée. La responsabilité du gouvernement du Québec, c’est d’offrir des cours de français, puis dans le rapport de la VG, on indique qu’il faut le faire dans les écoles et les lieux de travail. On veut donner trois ans pour apprendre le français, en échange de cours gratuits, et on pense que toutes les personnes de bonne foi vont réussir l’examen. S’il y a des personnes trop âgées ou avec des difficultés d’apprentissage, on est prêts à être compréhensifs. Ce qu’on veut, c’est qu’un signal soit envoyé: quand on vient au Québec et qu’on ne parle pas français, il faut apprendre le français.

Le cannabis sera légalisé le 17 octobre. Est-ce que vous comptez redonner aux villes les bénéfices des taxes issues de la vente sur leur territoire ?
Oui, il y a une partie importante qui sera retournée aux villes puisque les villes vont devoir assumer les coûts de la police, de la sécurité, une partie des coûts associés à la mise en place de cette nouvelle loi. Il y aura des coûts rattachés. On n’a pas évalué combien on redonnera aux Villes.

En fin d’entretien, Métro a posé six questions en rafale à François Legault. Voici ses réponses complètes.

Un livre qui vous inspire?
Tous les livres de Romain Gary.

Oeuvre d’un artiste québécois vue dernièrement? 
Le dernier film de Denys Arcand.

Votre dernier don à un organisme de charité?
Dans la rue.

Qu’est-ce qui ne va pas avec le Canadien de Montréal?
Ils ont fait un bon échange [Max Pacioretty]. Il faut aller chercher des jeunes. Trop de joueurs manquaient d’intensité, comme Pacioretty.

Qu’allez-vous faire le 17 octobre ?
Rien de spécial. Je ne fumerai pas.

Avec lequel de vos adversaires iriez-vous boire une bière ?
Avec Jean-François Lisée; j’ai travaillé avec lui. J’aime aussi beaucoup Manon Massé. J’hésiterais entre les deux.

Nos entrevues avec les leaders des principaux partis:

Philippe Couillard: «Plus de pouvoirs à Montréal»

Jean-François Lisée: «Le REM, c’est le Mirabel de 2018»

Manon Massé: «On sait de quoi on parle»

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