Ligne bleue: le prolongement prévu pour 2026
MONTRÉAL — L’ombre des promesses maintes fois répétées du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal planait lourdement au-dessus de la conférence de presse annonçant officiellement sa réalisation pour la quatrième fois en 30 ans, lundi.
Encore là, les résidants de l’est de Montréal devront continuer à étirer la patience dont ils ont fait preuve jusqu’à maintenant puisque ce bout de métro, ils ne l’auront qu’en 2026.
«Pour tous ceux et celles qui doutaient du projet de la ligne bleue, vous pouvez maintenant être rassurés: on aura un métro dans l’est de Montréal», a affirmé d’entrée de jeu la députée de Jeanne-Mance-Viger, Mme Filomena Rotiroti, à la bibliothèque de l’arrondissement Saint-Léonard en présence des premiers ministres Justin Trudeau et Philippe Couillard ainsi que de la mairesse Valérie Plante.
Le premier ministre Philippe Couillard n’a pu éviter, lui non plus, l’éléphant dans la pièce: «Aujourd’hui, nous confirmons sans l’ombre d’un doute que ce projet sera réalisé.»
Près de 4G$
Initialement, Québec et Ottawa investiront chacun 16 millions $ auxquels s’ajouteront 330 millions $ de Québec pour les premières phases qui comprennent notamment l’acquisition et l’expropriation des immeubles requis, les plans et devis, l’appel d’offres et la mise en place du bureau de projet.
En faisant part de ces sommes préliminaires, Philippe Couillard n’a pu s’empêcher de revenir à la charge pour vaincre un scepticisme compréhensible: «Voilà un signe indubitable de l’avancement du projet et de son caractère irréversible», a-t-il renchéri.
En mêlée de presse, par la suite, il a dû se défendre d’agir en fonction des élections à venir.
«Il n’y a rien qu’on fait qui n’est pas qualifié de préélectoral, alors qu’est-ce que vous voulez que je vous dise? On fait le travail au moment où c’est prêt.»
La construction des cinq nouvelles stations, un investissement estimé à 3,9 milliards $ qui ajoutera cinq nouvelles stations jusqu’à Anjou, débutera en 2020.
Le financement sera assuré conjointement par Québec et Ottawa dans des proportions qui seront connues lorsque sera dévoilée la phase 2 du plan d’infrastructures fédéral, mais cela ne devrait pas s’éloigner significativement du modèle de la phase 1, où le gouvernement fédéral assume 60 pour cent des coûts et le gouvernement provincial 40 pour cent.
Justin Trudeau, qui se réjouissait de voir «au moins une des nouvelles stations dans (sa circonscription de) Papineau», a reconnu qu’il était plus que temps d’intervenir dans ce secteur de la métropole.
«Ça fait des années que la portion de l’est de l’Île est sous-desservie par les réseaux de transport existants», a-t-il déclaré lors de son allocution.
Noms: femmes et diversité?
La mairesse Valérie Plante était aussi très heureuse de cette annonce, elle qui entend maintenant mousser son projet de ligne rose.
Interrogée sur les noms des futures stations de métro, dont quatre ne pourront porter le nom des rues qu’elles traversent puisque ce sont les mêmes que celles de la ligne verte plus au sud, Mme Plante a dit qu’il serait nécessaire de le faire en respectant la logique du réseau existant, mais elle n’a pas caché que l’occasion serait belle pour corriger certains oublis et «honorer la mémoire de personnes qui ont peut-être été moins représentées jusqu’à maintenant dans les noms de rues, de parcs et de métros».
Elle a ajouté qu’elle pensait «à des femmes importantes, également des personnes issues des diversités qui ont contribué à l’histoire de Montréal», précisant que la décision se prendrait «en concertation avec les différents acteurs locaux.»
Le projet comprend, outre les 5,8 kilomètres de métro eux-mêmes, un tunnel piétonnier, deux terminus d’autobus et un stationnement incitatif souterrain de 1200 places.
On évalue qu’il permettra de retirer environ 5300 voitures de la circulation.
Discuté sous diverses formes depuis 1979, le projet qui verra le jour a été annoncé pour la première fois dans la forme qui a été présentée lundi en 1988, dans le plan de transport du ministre libéral des Transports de l’époque, Marc-Yvan Côté.
Il avait ensuite été annoncé par le premier ministre Jean Charest en 2009 et une troisième fois par le ministre des Transports Sylvain Gaudreault dans le gouvernement péquiste de Pauline Marois.
C’est donc dire que, si l’échéancier de l’annonce de lundi est respecté, il aura fallu 38 ans avant que les Montréalais ne voient se concrétiser le projet dans sa forme finale.