L’âge adulte: un exercice de style
J’ai tardé un peu avant de plonger, mais la websérie L’âge adulte, sur ICI tou.tv, m’intriguait énormément, surtout en raison des commentaires très élogieux qui l’accompagnent.
Une courte expérience de huit épisodes d’environ huit minutes, L’âge adulte est tout ce que je souhaite d’une télévision sur le web en santé et en pleine ascension. C’est différent, osé, ça met en vedette des figures moins familières et ça s’assume pleinement.
Là-dessus, chapeau à Guillaume Lambert aux textes et François Jaros à la réalisation. Il y a une signature franchement intéressante.
Par contre, je ne suis pas emballé par la série.
Au-delà de l’audace et des thèmes résolument modernes, j’ai peiné à soutenir mon intérêt pour les épisodes, même s’ils sont très courts.
Il y a beaucoup de répétitions malgré la courte durée et l’ensemble du propos se résume en quelques lignes, même si le visionnement donne l’impression qu’on voulait enfermer vingt minutes de scénario dans huit minutes d’images.
Ainsi, la forme prend toute la place. Montage saccadé, dialogues courts et punchés, raccourcis narratifs et musique appuyée sont quelques trucs employés pour offrir à la série sa signature singulière.
L’exercice en charmera plusieurs, comme en témoigne la pluie d’éloges, mais je trouve que l’emballage ici est une béquille particulièrement encombrante et les comparaisons à Woody Allen ne sont pas forcément élogieuses.
Cela dit, je serais curieux de voir le travail de la même équipe avec une série plus longue, plus étoffée et moins dépendante de sa contrainte de temps et de budget évidente.
Le talent est déborde à l’écran et l’envie de raconter une histoire différemment aussi, mais ce n’est pas un véhicule qui m’a particulièrement séduit. Faut aussi dire que les blagues de flatulences et la banalisation de la sexualité à l’écran ne sont plus, à mon avis, d’un intérêt suffisant pour porter l’entièreté d’une série.
Si la forme est une béquille, disons que la sexualité ici est une rampe d’accès pour ne pas trop s’aventurer ailleurs.
Vous allez sans doute aimer l’Âge adulte malgré mes réserves, mais j’espérais tellement plus, ça explique probablement ma déception.