Prisonniers de la CSDM

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) refuse catégoriquement à une trentaine d’élèves du Sud-Ouest de fréquenter l’école secondaire Monseigneur-Richard, hors de son territoire. Une décision que s’expliquent mal les parents de cette zone dite frontalière, d’autant que des dérogations semblables avaient été accordées dans les années passées.
La proximité, la fratrie, les programmes particuliers, rien ne semble en mesure de convaincre les commissaires qui se sont prononcés, mercredi, en séance de conseil ordinaire.
Nancy Guillemette déplore que son fils Zachary ne puisse avoir accès au même programme que sa sœur aînée l’an prochain. Même s’il a réussi les examens d’admission de Science 2.0, il lui sera impossible de fréquenter l’école secondaire du boulevard Gaétan-Laberge, à Verdun, à quelques minutes de chez lui.
«Il a ouvert la lettre de la CSDM, tout content et persuadé qu’il s’agirait d’une bonne nouvelle. Il a pleuré toutes les larmes de son corps quand il a vu que c’était un refus», raconte-t-elle.
À deux mois de la fin de son parcours au primaire, Zachary est très inquiet.
L’embarras du choix
Pour la CSDM, les écoles de son territoire offrent des programmes variés pouvant répondre aux besoins de sa clientèle.
La famille Guillemette ne voit pas la situation du même œil. Pour accéder à un programme scientifique, dispensé à l’école Louis-Riel, Zachary devrait parcourir 15 km, soit environ une heure en transport collectif, matin et soir.
«Le programme de Mgr-Richard n’est pas reconnu régionalement comme un programme unique et spécifique. Et, si on ouvre cette possibilité à trente élèves, on va en avoir des centaines, voir des milliers qui vont faire des demandes», plaide la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon.
Elle ajoute que, la seule année ou de telles dérogations ont été accordées, la décision avait été prise à son insu par la commissaire du Sud-Ouest, Violaine Cousineau, et que ça ne répondait pas aux critères de la commission.
Visions opposées
À la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), où se trouve l’école Mgr-Richard, on ne comprend pas la position de ses vis-à-vis montréalais. «C’est une décision que nous déplorons. Les territoires existent, certes, mais ils ne devraient pas constituer une entrave à la réussite de nos jeunes», fait valoir la responsable des communications de la CSMB, Gina Guillemette.
Par ailleurs, le bien-être d’un élève dans son école constitue un facteur important pour sa réussite selon la CSMB.
Présentement, 593 élèves de la CSDM fréquentent un établissement de la CSMB, alors que 405 sont dans la situation inverse.
Vote politique
La proposition de la commissaire du Sud-Ouest, Violaine Cousineau, pour accorder une dérogation à la trentaine d’élèves concernés cette année a été rejetée par l’ensemble des 9 commissaires du Mouvement pour une École moderne et ouverte (MEMO). Quatre commissaires parents ainsi que les trois commissaires indépendants, étaient en faveur.
La demande d’étude pour une zone grise aux frontières des deux commissions scolaires, permettant aux jeunes qui y habitent de fréquenter l’école de leur choix, a également été écartée.
Mme Cousineau et ses collègues, Jean-Denis Dufort et Jean-François Gosselin, qui ont quitté le MEMO en juin, jugent que le parti de la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, fonctionne trop comme un parti politique, tolérant mal les votes dissidents.
Les parents se tournent désormais vers le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, pour qu’il intervienne. Celui-ci ne s’est pas encore prononcé.