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Le combat de Mel Gibson

Director and actor Mel Gibson poses as he arrives on the red carpet for "Hacksaw Ridge" at the 73rd annual Venice International Film Festival, in Venice, Italy, Sunday, Sept. 4, 2016. (Claudio Onorati/ANSA via AP) Photo: Claudio Onorati/ANSA via The Associated Press

métro à veniseNotre journaliste Natalia Wysocka se trouve présentement à la Mostra de Venise, célèbre festival international de cinéma en Italie.

Dix ans après Apocalypto et une descente tout aussi apocalyptique dans les affres de la controverse, Mel Gibson revient à la réalisation en grand avec Hacksaw Ridge.

Il est arrivé à la Mostra précédé par la réputation qu’on lui connaît (la mauvaise). Mais le barbu et souriant monsieur qui s’est pointé devant la presse était à mille lieues de celui qui a connu des moments troubles à la suite de déclarations pour le moins douteuses et de conduite en état d’ébriété.

L’air d’un grand-papa sur le point de sortir une poignée de Werther’s Original de la poche de son pantalon à bretelles et de tapoter doucement la tête des journalistes en les appelant «fiston», Mel a mis le paquet pour charmer l’assemblée. Le Daily Beast a d’ailleurs titré: «Le Mel Gibson Forgiveness Tour a démarré à Venise.»

Il faut dire que l’opération cruise de la star sexagénaire semble avoir fonctionné. Personne ne lui a remis son passé, ni ses frasques, sous le nez. Après sa première réponse à une question, un reporter s’est même mis à applaudir à tout rompre et à crier: «Yeah! Mel! You did a GREAT JOB!» (S’il n’avait pas eu une carte d’accréditation du festival autour du cou, on aurait cru à une mise en scène.)

«Survie.» – Mel Gibson, répondant à une journaliste qui lui demandait de décrire, en un mot, «sa relation avec Hollywood aujourd’hui.»

Mais c’est vrai que Gibson a fait une job franchement pas mal avec Hacksaw Ridge. C’est violent. Rien n’est laissé à l’imagination. Corps qui brûlent, pluie de tirs, explosions. Ces segments de guerre hyperréalistes sont néanmoins chorégraphiés avec précision. Les images du quotidien, elles, bien que portées par une musique solennelle et des émotions multipliées à l’américaine, sont réussies. C’est grand, c’est prenant. Et, puisque c’est Gibson, il ne s’embarrasse pas de noter en ouverture, comme le veut la tradition, que l’œuvre est «inspirée d’une histoire vraie». Il écrit simplement: «True story.» Point. Ainsi soit-il.

Cette histoire (vraie, rappelez-vous) que le réalisateur repenti nous raconte, c’est celle de Desmond Doss. Un adventiste du septième jour qui se joint à l’armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, en raison de sa foi et du commandement voulant que «Tu ne tueras point», il refuse de toucher à un fusil. Moqué et tabassé par ses compagnons d’armes (qui les portent, eux, fièrement, les armes), il s’obstine. «Je. Ne. Toucherai. Pas. À. Un. Fusil.» Ce qu’il veut, lui, «ce n’est pas prendre des vies, mais en sauver».

Devenu aide-soignant militaire, cet objecteur de conscience finira par prendre part à la bataille d’Okinawa et, «armé seulement de ses croyances», dixit Gibson, il ramènera 75 soldats blessés, sur son dos, en sécurité.

C’est Andrew Garfield, acteur ayant, par le passé, enfilé le costume de l’homme-araignée dans The Amazing Spiderman, qui incarne ce personnage frêle, à l’air un peu simplet. «Desmond Doss était poussé par la force de l’amour. Et je pense qu’on peut tous s’en inspirer», a confié, avec son accent british, l’acteur trentenaire. Lui-même s’est dit inspiré par son frère médecin, «qui ne va pas dans les conférences de presse, qui ne reçoit pas de tapes dans le dos et qui ne cherche pas à être un héros». Sur une note plus comique, l’interprète a ajouté: «Qu’un type aussi maigrichon que moi ait traîné 75 colosses sur son dos, je trouve ça génial.»

Un «type maigrichon» qui, à l’écran, repousse quand même une grenade au ralenti de sa main nue et en renvoie une autre d’un coup de pied. Excessif? Trop héroïque? «Vous savez, a souri Mel, les vrais superhéros ne portent pas de lycra.»

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