L'industrie de l'asphalte se plaint des lenteurs
MONTRÉAL — Des producteurs d’asphalte demandent au nouveau ministre des Transports, Laurent Lessard, de faire débloquer plusieurs contrats publics dont l’exécution est retardée pour diverses raisons. Ils soutiennent même que certaines entreprises risquent de disparaître si rien n’est fait.
L’association Bitume Québec a rencontré la presse, vendredi à Montréal, pour faire part de ses doléances face au fait que ses membres sont prêts à travailler, mais attendent que les projets suivent leur cours.
«Nous lançons aujourd’hui un énorme cri d’alarme au nouveau ministre des Transports du Québec. Notre industrie est actuellement en crise et cette crise majeure met en péril et à risque inutilement des dizaines d’entreprises qui, dans plusieurs et trop de cas, sont près de décider de mettre la clef sous la porte. La situation est urgente et critique», s’est exclamé le président de Bitume Québec, Joe Masi.
L’association en attribue la faute à la méfiance post-Commission Charbonneau au ministère des Transports, ainsi qu’aux moyens de pression des ingénieurs et à ce qu’elle appelle la crise interne au MTQ — changements de ministres, remous internes et autres.
Dans les faits cependant, les ingénieurs du ministère des Transports se limitent à refuser de faire des heures supplémentaires les soirs et les fins de semaine — sauf en cas d’urgence. Ils ne sont pas en grève générale.
De plus, le ministère des Transports et la Ville de Montréal, par exemple, se sont souventes fois fait reprocher de mener trop de chantiers de front, ce qui cause même des problèmes de circulation dans la région métropolitaine.
M. Masi fait toutefois valoir que ses membres travaillent également dans les autres régions du Québec où ils pourraient travailler, si les contrats étaient «débloqués».
Jointe au téléphone, l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec s’est même étonnée qu’on lui attribue la responsabilité de ces soi-disant chantiers bloqués. «L’autorisation des travaux, ça vient du ministère», a corrigé Benoît Laflamme, secrétaire trésorier du syndicat des ingénieurs du gouvernement, au cours d’une entrevue.
«La problématique que Bitume Québec semble sortir, c’est que les autorisations pour faire les travaux ne sortent pas. Et si elles ne sortent pas, en bonne partie ça vient du ministère des Transports», a-t-il ajouté.
Au ministère des Transports aussi, on a grandement nuancé les critiques de Bitume Québec. L’attaché de presse du ministre, Mathieu Gaudreault, a rappelé que «la population nous demande d’être rigoureux dans la façon dont le MTQ dépense son argent» et qu’en conséquence, le ministère veille au bon déroulement des chantiers.
Il a rappelé qu’avec toutes les révélations faites par la Commission Charbonneau sur l’industrie de la construction, il faut «rebâtir la confiance entre la population et le ministère des Transports».
Il a précisé qu’à l’heure actuelle, 1267 chantiers sous la gouverne du MTQ sont présentement lancés. De ce nombre, 545 requièrent des travaux de pavage — donc concernent Bitume Québec. Et de ces 545 chantiers où il doit y avoir du pavage, 58 seulement font l’objet de retard ou délai, soit environ 10 pour cent.
Et là encore, a dit M. Gaudreault, le ministre a demandé si quelque chose d’autre pouvait être fait pour en faciliter l’exécution.