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Fed Up: un documentaire sur les mensonges de l’industrie alimentaire américaine

Photo: Métro

Dans Fed Up, la réalisatrice Stephanie Soechtig expose la désinformation, la manipulation et le mensonge dont est responsable l’industrie alimentaire américaine.

Dans Fed Up, un film qui a énormément fait parler de lui depuis sa présentation au Festival Sundance, la documentariste Stephanie Soechtig, épaulée par la journaliste-narratrice Katie Couric, dépeint le désespoir de ces jeunes qui font tout pour avoir un poids santé, mais qui, à la cafétéria de l’école, ont le choix entre de la malbouffe et encore de la malbouffe. Des jeunes auxquels on vend des montagnes d’aliments nocifs présentés dans des emballages portant la mention «light».

Il y a par exemple Maggie Valentine, 12 ans, qui nage quatre fois par semaine, qui promène son chien tous les jours, qui ne comprend pas comment ça se fait qu’elle pèse tout de même 212lb et qui pleure à chaudes larmes en confiant: «Mes docteurs disent que je suis une statistique…» Et puis Joe Lopez, 14 ans, qui risque de terribles problèmes cardiaques et qui essaye toutes les préparations «sans gras» au supermarché sans arriver à faire baisser son poids en dessous des 400lb.

En allant voir ce qui se cache derrière le mantra «Mangez moins, bougez plus» que ces enfants se font marteler sans cesse, la cinéaste démontre comment les aliments industriels, mis en marché par une machine-marketing titanesque, menacent la santé de toute une génération. Une génération qui, avance-t-elle, sera la première à vivre moins longtemps que celle de ses parents.

«Quelqu’un m’a dit que mon film est la version documentaire d’un film d’horreur», remarque Stephanie Soechtig. En voyant son enquête, on se dit qu’on n’en est pas loin.

Ce qui rend la problématique aussi complexe, c’est que, contrairement aux autres dépendances [dont celle à la nicotine, avec laquelle vous faites un parallèle dans le film], la dépendance à la nourriture est une dépendance à quelque chose qui est censé être bon pour nous. Il faut de la nourriture pour vivre.
Exactement. Plusieurs des enfants [que l’on voit dans le film] m’ont confié à quel point c’était dur. Ils me disaient: si c’était de l’alcool, je pourrais arrêter d’en boire, mais parce que j’ai besoin de manger, c’est une bataille constante.

Vers la fin du documentaire, Katie Couric remarque que cette épidémie se répand dans le monde, mais en voyant votre film, ce mal semble tout de même être, principalement, américain.
Je ne suis pas d’accord. Il ne l’est vraiment pas. Mes parents sont immigrants, ma mère vient de Suisse et nous avons grandi avec le stéréotype du «gros Américain». Mais ce n’est plus vrai de nos jours. Premièrement, le Mexique a des taux d’obésité plus élevés que les États-Unis. Et quand on regarde la Suède, la Norvège, l’Arabie saoudite, le Royaume-Uni… tous ces pays sont essentiellement au même niveau que nous lorsqu’il s’agit de ce problème. Là où la diète américaine va, l’obésité et les maladies vont aussi. De nos jours, la pandémie est mondiale.

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Ce qui nous fend le cœur et nous fâche autant contre le lobby des aliments industriels, c’est que ces enfants et leurs parents essayent extrêmement fort de bien manger. Ils pensent qu’ils font tout comme il faut; ils sont convaincus qu’en achetant des aliments transformés «légers», ça va marcher.
Je me suis sentie exactement de la même façon: j’avais de la peine et j’étais en colère. En commençant à travailler sur ce projet, je me demandais: est-ce que ces gens sont paresseux? Est-ce qu’ils manquent de volonté? Il suffit de ne pas manger le hamburger. Pourquoi est-ce si difficile? C’était très surprenant pour moi de voir à quel point ils essayaient fort. Ils sont tout sauf paresseux. Ils sont mal informés.

Katie Couric explique qu’«on nous vend continuellement de l’information qui est contraire à la science». Croyez-vous qu’on puisse établir un lien avec les terribles coupes qui ont été faites dans le domaine scientifique au cours des dernières années? Croyez-vous que la communauté scientifique américaine se fait écraser par les multinationales alimentaires?
Oui. À 100%. Comment les scientifiques peuvent-ils être indépendants quand on leur coupe toutes leurs subventions gouvernementales? Certains d’entre eux sont tentés d’aller chercher de l’argent auprès de ces multinationales. L’impact [de ce genre de collaboration] est énorme.

Alors que les émissions de compétition culinaire comme Top Chef ou Iron Chef se multiplient, vous démontrez que beaucoup d’Américains ne cuisinent jamais et se nourrissent exclusivement d’aliments préparés. Pensez-vous que ces émissions contribuent à solidifier le mythe voulant que cuisiner soit difficile et réservé à des gens possédant déjà un certain talent et une bonne expérience?
Je crois que ce mythe existe. Je n’y avais pas pensé, mais, en effet, quand on regarde ces émissions, ce sont toujours des plats extrêmement compliqués [que les participants confectionnent]. En plus, ces compétitions télévisées font office de divertissement, n’est-ce pas? Mais je dois dire que, lorsqu’on me montre des plats complexes, ça me motive, en général, et me donne envie de cuisiner. Reste que je suis une mère, que je travaille et que mon temps est limité. Quand on regarde ce genre d’émissions, on dirait parfois qu’il faut servir des repas trois services et faire soi-même ses pâtes en partant de zéro tous les soirs! (Rires) Il y a des jours où ce qu’on mange, c’est des œufs brouillés et du kale, et c’est bien parfait comme ça. Même si c’est simple, ce sera toujours beaucoup plus nourrissant qu’un repas acheté dans une chaîne de restauration rapide.

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=aCUbvOwwfWM]
Fed Up
En salle dès vendredi

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