Colombie-Britannique: Un Québécois s’engage pour combattre les flammes
Alors que le service d’incendies de forêt de la Colombie-Britannique rapporte que 161 feux faisaient toujours rage dimanche et que 37 000 personnes sont forcées d’évacuer, du personnel de soutien est recruté pour appuyer les pompiers de la province qui combattent sur la ligne de front.
Métro a pu discuter avec Carl Palin, un Québécois de 24 ans qui est engagé depuis quatre jours pour freiner l’avancée d’un énorme brasier autour de Williams Lake. La ville de 10 000 personnes vient de recevoir un ordre d’évacuation. L’incendie que lui et ses collègues combattent a triplé depuis samedi et d’autres brasiers menacent de couper les routes permettant de sortir de la région.
Comment ça se passe, le combat contre les feux?
Il y a les pompiers du ministère, ceux qui sont sur la ligne de front et qui abattent le gros du boulot. Ensuite, le gouvernement engage en sous-traitance des compagnies comme celle pour laquelle je travaille afin de s’occuper du reste : creuser des tranchées où on prévoit que la tête du feu va se diriger, assurer que la queue du feu n’a pas laissé de foyers. Parfois, un feu rejaillit de sous le sol. Il faut aussi installer des dispositifs de pompes à eau, créer des routes d’évacuation, aménager des zones sécuritaires, etc.
Quelle est la situation présentement?
On attend à cause des vents trop violents. Notre feu a triplé de grosseur en moins de 24 heures. On essaie de contenir les feux hors des gardes-feux, qui sont des routes où on installe les tuyaux et les pompes pour arroser. Les gardes-feux sont conçus d’avance, en prévoyant l’ampleur et la trajectoire des feux. Là, on est au camp, d’attente de se faire déployer.
Les pompiers sur la ligne de front, les avez-vous rencontrés?
Ce sont les Red Shirts, les pompiers du ministère. Il y a tellement de lignes de front, c’est très loin d’être un bloc uniforme. Hier, on éteignait des flammes dans une partie de la forêt, mais on a dû retraiter à cause des arbres qui tombaient et de la fumée qui, parfois, reprenait en flammes un peu partout. Ç’a été une longue journée, disons.
Êtes-vous payés pour ça?
On est payés! Je ne connais pas mon salaire, mais ça paie bien.
Vous avez eu une formation avant?
Oui, il y a des cours à suivre, on ne se fait pas lancer là-dedans avec une petite tape sur l’épaule et un «bonne chance»!
Comment vous sentez-vous actuellement?
Samedi, j’étais vraiment fatigué, mais de voir une communauté s’organiser aussi rapidement pour évacuer un district, ça revigore. C’est incroyable, honnêtement.
«Notre feu était somme toute assez petit, mais ce n’est plus le cas maintenant.» – Carl Palin, membre du personnel de soutien aux pompiers de la Colombie-Britannique
Des gens vont peut-être perdre leur maison. Ça doit être assez dur d’être témoin de ça…
Oui. Le plus triste, c’est ceux et celles qui n’ont pas d’assurances. Apparemment, c’est une bonne proportion des évacués. Il y en a qui restent derrière, malgré l’ordre d’évacuer. Ils souhaitent combattre les feux eux-mêmes sur leur propriété si la situation se présente. Bien sûr, les mineurs ne peuvent absolument pas rester, la police s’en mêle. Mais sinon, qu’est-ce que tu veux faire? C’est leur vie.
S’ils veulent protéger ce qu’ils ont, ils peuvent le faire. Sauf qu’oublie ça, les services d’urgence, you’re on your own. Samedi, un hélicoptère est allé à deux reprises dire à un monsieur d’embarquer, de s’en aller; après deux refus, ils ont arrêté d’essayer.
Ç’a été quoi le moment le plus intense jusqu’à maintenant?
Samedi, quand on s’est fait sortir du feu, on s’est retrouvés à la caserne de volontaires parce que la route pour se rendre à notre camp était trop risquée. Les bénévoles sur place nous ont fait à manger, puis on a appris que la région était sous ordre d’évacuation. La plupart des gens sont partis rapidement pour faire leurs bagages et se diriger vers Prince George, sous un ciel de fin du monde. L’expérience est beaucoup plus intense que je l’aurais cru.
Combien de temps pensez-vous rester sur le front?
Ici, ça fonctionne en cycles de 14 jours maximum. Tout ce que je sais, c’est que les feux sont assez gros pour que je reste jusqu’à la fin du cycle. Après 14 jours, tu as quelques jours de congé et tu peux être appelé de nouveau, donc je m’attends à travailler sur les feux encore pour un bout, considérant la situation en Colombie-Britannique.